Comment prendre la difficile décision de vendre un titre ?

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En matière de placement, la décision de vendre est plus difficile que celle d’acheter. Vendre à perte, c’est reconnaître qu’on s’est trompé, un sentiment contre-nature. Quand on vend à profit, on ne sait jamais si on est sorti trop tôt.

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L’omniprésence des biais cognitifs

Acheter une action est relativement facile, mais vendre pose toujours un dilemme. Si on vend trop tôt et que le cours de l’action monte, on laisse des gains sur la table. Si on vend trop tard et que l’action plonge, cela annule des gains faciles qu’on aurait pu réaliser.

On peut attribuer cette attitude au fait que plusieurs biais cognitifs* altèrent notre jugement d’investisseur :

L’effet de dotation

La tendance à attribuer une plus grande valeur à un bien que l’on possède qu’à un objet similaire qu’on ne possède pas. Ainsi, il est fréquent qu’un propriétaire estime la valeur de sa maison comme étant plus élevée que ce qu’il serait disposé à payer pour une maison équivalente.

 Le biais de confirmation

La tendance à ne considérer que les informations qui confirment ce qu’on croit et à ignorer celles qui les contredisent.

♦  Le biais de persévérance

Après avoir pris une décision, les preuves montrent une tendance marquée à s’y tenir et à la défendre, même en présence de preuves convaincantes du contraire.

L’effet de disposition

Amène les gens à vendre un actif pour réaliser un gain mais à le garder s’il y a une perte non réalisée.

 

La plupart du temps, les biais cognitifs* servent de substituts à l’analyse objective de données fondamentales.


Quelles raisons peuvent justifier la vente d’une action ?

Selon Morningstar, il est approprié de considérer la vente d’une action lorsque son cours atteint sa juste valeur (1). D’ailleurs, c’est sur cette base que la société cote les actions suivies par ses analystes (2). La « juste valeur » est un terme équivalent à celui de « valeur intrinsèque* ».

Cela dit, il n’est pas toujours évident d’évaluer la juste valeur d’un titre. Ainsi, plusieurs éléments particuliers doivent être pris en compte dans une décision de vente. Le fondement Quand faut-il vendre un titre liste une série de signaux d’alarme susceptibles de justifier la vente d’un titre.


Comment diminuer le risque de vendre pour les mauvaises raisons

Peu importe les circonstances, décider de vendre un titre est difficile.

C’est pourquoi il ne faut pas laisser les émotions jouer un rôle dans cette démarche.

Voici quatre (4) règles qui vont aider à diminuer la probabilité de vendre pour les mauvaises raisons et la perte qui résulterait d’une vente.

1 – Savoir pourquoi on décide d’acheter une action

Il est beaucoup plus aisé d’évaluer si on doit vendre un titre lorsque la décision de l’acheter avait fait l’objet d’un travail d’analyse sérieux au départ.

On doit être capable de justifier la décision d’acheter un titre sur la base de 3 critères :

® Il appartient à une catégorie et à une industrie spécifiées dans notre structure de portefeuille de référence (3),

® Ses données fondamentales satisfont aux critères d’évaluation applicables à cette catégorie de titres (4).

® Sa valeur relative dans le portefeuille se situe en deçà de la quote-part maximum qu’un titre peut représenter.

Ce dernier élément est particulièrement important. Il ne faut jamais investir un montant qu’on ne peut se permettre de perdre. Au départ, investir un montant significatif dans un seul titre est source de stress. Et le stress pousse à agir émotionnellement. En limitant la taille de chaque position individuelle, il est plus facile de raisonner objectivement, sans précipitation.

Dans un portefeuille mature, un titre ne devrait jamais représenter plus de 4% du portefeuille total.

2 – Garder l’œil sur les données fondamentales

Une revue de ses données fondamentales est la première étape pour évaluer si une action se transige en dessous ou au-dessus de sa valeur intrinsèque. Les fondements Choisir et évaluer un titre et Titres à dividendes décrivent l’ensemble des critères applicables.

3 – Focaliser sur le rendement et non sur la valeur marchande

L’investisseur moyen accorde trop d’importance à la valeur boursière de son portefeuille.

Il voit son portefeuille comme le « petit cochon » de son enfance. Quand la valeur du portefeuille baisse, c’est comme si on avait vidé une partie de son petit cochon.

Il faut arrêter de voir le portefeuille comme le prolongement de cette image émanant d’un autre âge.

Le portefeuille de placements n’est pas un petit cochon : c’est une usine qui fabrique de l’argent. On doit focaliser les efforts sur la productivité de l’usine.

Le rendement du portefeuille est l’élément qu’il faut préserver et faire croître.

Le même raisonnement s’applique aux titres individuels. Dans la mesure où ses données fondamentales en justifient la détention, l’important est que chaque investissement procure le meilleur rendement à chaque année.

L’exercice est plus facile lorsqu’on l’applique aux titres à dividendes. Car le dividende est un rendement réel alors que la hausse de valeur d’une action est un gain potentiel qui ne sera réalisé que lors de la vente. C’est pourquoi la structure PORTEFEUILLE 101 accorde une large proportion aux titres à dividendes.

4 – Recourir à des ordres de vente stop

Les baisses de la valeur de titres boursiers font partie de la vie de tout investisseur. Même les meilleurs ne peuvent y échapper.

On peut se protéger de chutes de prix massives et soudaines en ayant recours à des ordres de vente stop.

Un ordre de vente stop est un ordre d’exécution qui spécifie que le titre doit être vendu dès qu’il atteint un prix déterminé. Il existe différentes variantes d’ordres de vente stop (5).


 

En matière de placement, on doit se méfier de deux ennemis : la précipitation et la procrastination.

Ces comportements procèdent de raisonnements mal fondés et toujours incomplets. Plutôt que de s’astreindre à l’effort, l’investisseur s’en remet à des biais cognitifs* qui le sécurisent dans ses décisions mais le pénalisent dans ses rendements.

Bien investir est un processus qui ne nécessite pas de connaissances poussées.

Mais au risque d’être ennuyeux, cela exige d’effectuer les analyses financières requises des titres convoités.

Pour celui qui n’a pas :

les compétences et les connaissances pour investir dans des titres boursiers,

le temps d’analyser les informations pertinentes et de faire le suivi de son portefeuille,

une tolérance suffisante à la volatilité des marchés boursiers,

… il est impératif de faire appel à un professionnel du placement boursier en qui il aura pleine confiance et avec qui il aura plaisir à travailler (6).

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(0)

(1) Pour les investisseurs qui suivent une approche fondamentale. Voir La supériorité des stratégies fondamentales.
(2) La cote comporte entre 1 et 5 étoiles. Une cote de 3 étoiles indique que le titre se transige à un prix avoisinant sa juste valeur.
(3) La structure du portefeuille.
(4) Fondements 10a-2, 10b-2, 10c-2 et 10d-2.
(5) L’ordre peut spécifier un prix minimum, un pourcentage de baisse ou un écart en dollars par rapport à la cote du jour.
(6) Pourquoi consulter un planificateur financier


FAQ

 

Quand faut-il vendre ses actions ?

La décision de vendre une action devrait être basée sur les mêmes critères qui en ont justifié l’achat. La vente peut être justifiée par une dégradation de ses données fondamentales ou par des événements susceptibles d’entacher sa performance dans le futur.

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Quels sont les avantages d’investir en bourse ?

Investir en bourse est un jeu qui en vaut la chandelle à condition d’être fait dans le cadre d’une approche éprouvée. Au cours des 50 années précédant le 31 décembre 2021, les rendements annuels des bourses canadienne et américaine ont été respectivement 9,6% et 11,7%.

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Comment éviter la procrastination en matière de placement boursier?

Bien que surprenant, des études ont démontré que les personnes impatientes sont davantage portées à la procrastination. Pour combattre ce comportement, la première étape est d’identifier les tâches qui nous amènent à procrastiner et à évaluer dans quelle mesure elles affectent notre processus d’investissement.

Cet article a été rédigé par Marc-Olivier Desmarais, CPA, Pl. Fin.

Il est planificateur financier indépendant. Sa pratique est encadrée par l'Autorité des Marchés Financiers (AMF) et par l'Institut de Planification Financière (IPF).

À travers les articles de Portefeuille 101, son objectif est de contribuer à la littératie financière et de stimuler la réflexion en matière de finances personnelles.

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