L’important, c’est ce qui ne change pas

Rocher

L’important n’est pas d’anticiper comment le monde va changer, mais d’investir dans ce qui ne change pas. Parce que l’investissement sera toujours rentable dans 10 ans.

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Des entreprises dépensent beaucoup d’argent en vain

Des entreprises dépensent beaucoup d’efforts pour analyser les tendances de marché, tentant de prévoir comment leurs produits et services devraient évoluer. Elles sont persuadées qu’anticiper l’avenir leur procurera un avantage concurrentiel décisif.

Elles versent des fortunes à des experts pour conduire tels exercices. En plus, elles se lancent dans des programmes d’investissements massifs pour acquérir les technologies les plus performantes.

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Si seulement les choses étaient aussi faciles.

Les experts se trompent quasiment toujours. Les économistes vont à l’école pour apprendre des algorithmes sophistiqués, mais ils ne peuvent jamais dire ce que la prochaine année nous réserve. Quand cela fonctionne, c’est plus de la chance que de la science.

Mais plus important encore : la poursuite de technologies innovatrices tend à reléguer aux oubliettes les valeurs de succès qui avaient passé le test du temps. Résultat : des technologies prometteuses ne livrent pas les résultats promis.

L’exemple qui suit en témoigne.


Le service client : des investissements massifs, une expérience  qui se dégrade

Encouragées par des consultants qui ont flairé la bonne affaire, des entreprises investissent des sommes colossales pour mettre en place des technologies de gestion et de communications clients. En vedette : les solutions de type CRM (1).

Ainsi:

1 – De 2023 à 2028, le marché mondial des « solutions CRM » va tripler, passant de $91 à $263 milliards (2).

2 – Aux États-Unis, les revenus provenant uniquement des ventes de logiciels CRM ont quintuplé entre 2010 et 2020 :
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La tendance confirme la nette priorité donnée aux investissements dans des technologies destinées à gérer les relations avec les clients.

Les chantres des solutions technologiques pour gérer les relations clients sont légion. Confortés par un puissant effet de mimétisme*, ils tiennent un discours remarquablement uniforme !

C’est ainsi que 87 % des dirigeants d’entreprise croient qu’une expérience-client exceptionnelle est indispensable. Rien de moins !

À savoir si le fait de traiter avec le « service client » constitue une expérience exceptionnelle, rien n’est moins sûr !

La réalité…

Plusieurs enquêtes portant sur l’évaluation du « service client » suggèrent une réalité différente.

Occurrence de problèmes avec un produit ou service

74 % des Américains disent avoir eu un problème avec un produit ou service au cours de l’année écoulée. Le problème a plus que doublé depuis 1976 (3).

Qualité des communications

Plus de 50% des clients se disent épuisés quand ils communiquent avec le service client d’une entreprise (4).

79% de ceux qui ont communiqué avec le service client n’ont eu accès qu’à un menu automatisé et ont raccroché pour cause de frustration (5). Étonnant quand on sait que 75% des consommateurs préfèrent l’interaction humaine aux interactions automatisées (6) !

Capacité de répondre à une question d’un client (7)

80% des entreprises sont incapables de répondre correctement à une question d’un client la première fois.

Le délai moyen pour répondre à une demande d’un client est de 12 heures  et 10 minutes.

Priorité accordée au « service client » par les entreprises

54 % des consommateurs disent que la majorité des entreprises traitent le service client comme une fonction de second ordre (an afterthought) (8).

Aussi, la proportion de consommateurs rencontrant des difficultés avec le service client est passée de 42 % en 2013 à 66 % en 2020.

Un constat s’impose: la technologie tend à remplacer l’interaction humaine, pourtant chère aux clients. Malgré les discours officiels et les ressources qu’on y consacre, l’expérience du service client continue inexorablement de se dégrader.

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La conclusion n’est pas que les solutions technologiques soient injustifiées.

Mais elles font oublier que les choses les plus importantes sont celles qui ne changent pas.


Une gestion de portefeuille basée sur 6 principes immuables

Parce que la technologie évolue rapidement, on considère que le changement est une constante à maîtriser.

La recherche de la prochaine nouveauté est devenue un piège commun. Est-ce par peur de paraître « déconnectés » face aux gens auxquels on se compare?

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À cela, le monde du placement n’échappe pas.

La ruée sur les cryptomonnaies, les SPAC, le cannabis, le lithium, les actions fétiches (9) sont des exemples connus. À cela s’ajoute l’émergence d’une panoplie de fonds et de « solutions » de placements bâtis sur des approches toutes plus sophistiquées: fonds de répartition d’actif, fonds à date-cible, fonds basés sur l’IA*, fonds à bêta intelligent (10), notes structurées, actions synthétiques, etc.

Aujourd’hui, des gestionnaires professionnels délaissent les outils classiques de recherche et d’analyse financière au profit de technologies d’exploration de données (11). Ces technologies permettent d’analyser des volumes massifs d’informations sous différents angles afin d’identifier leurs interrelations et les transformer en informations exploitables.

À l’aide de ces outils, des analystes conçoivent des algorithmes pour identifier les titres susceptibles de battre un marché de référence.

La maîtrise du langage de programmation C++ est devenue plus utile que d’analyser un état de l’évolution des liquidités!

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Ces nouvelles industries et ces approches novatrices font la fortune d’une kyrielle de courtiers et soi-disant gourous.

Mais les résultats ne sont guère probants (12).

Comme toujours, c’est l’investisseur crédule qui paie la note.


Investir avec succès repose sur des réalités qui ne changent pas. Tenez-en compte et vous ferez fortune :

1 – Le temps est le paramètre de rendement le plus important

Des études démontrent que les probabilités de gains à la bourse augmentent considérablement lorsque les périodes investies sont plus longues. La probabilité d’obtenir un rendement positif sur un an est de 73%; sur 5 ans, de 87%. Sur 10 ans, elle s’élève à 95% (13).

Jouer sur les fluctuations à court terme de la bourse est un exercice excitant. Mais pour la majorité des investisseurs, c’est une stratégie perdante.

Maintenez un horizon de rendement d’au moins 5 ans, idéalement 10 ans.

2 – Chaque crise boursière est différente. Ce qui ne change pas, c’est la façon dont les gens réagissent

En périodes de marchés haussiers, on est un génie. C’est le sophisme de la main chaude, un biais cognitif selon lequel une personne qui connaît une série de succès a plus de chance de réussir dans ses tentatives ultérieures. La cupidité devient le sentiment dominant.

Lors d’un crash boursier, la situation est inverse. Les investisseurs éprouvent peur et anxiété. Ils s’inquiètent de leur avenir financier, voire de leurs besoins immédiats de liquidités.

Il s’ensuit des ventes en mode panique : ils liquident leurs positions à la hâte pour réduire leurs pertes, ce qui exacerbe d’autant la baisse des marchés.

Adopter un comportement contraire à celui de la majorité des investisseurs crée invariablement les meilleures opportunités de profit.

3 – Le retour aux moyennes historiques est inévitable

D’habiles vendeurs séduisent les investisseurs en affirmant détenir la formule pour battre systématiquement le marché boursier. En réalité, aucune de ces formules magiques n’a jamais passé le test du temps. Si c’était le cas, ces vendeurs seraient tous milliardaires!

Ce qui est brillant aujourd’hui est susceptible de ne pas l’être demain. Le marché boursier revient toujours à ses rendements historiques. Ne portez pas attention aux bavardages des vendeurs de rêves.

4 – Les marchés boursiers évoluent systématiquement à la hausse

Depuis des siècles, les marchés boursiers fluctuent quasiment à chaque jour. Bien que les hausses et baisses boursières se produisent régulièrement, elles ne durent jamais.

Une seule constante demeure : à long terme, les marchés sont à la hausse.

Pour cette raison, limitez l’importance des placements destinés à réduire la volatilité du portefeuille. Parce qu’ils contribuent à réduire d’autant son rendement.

Si vous investissez à long terme dans le cadre d’une approche structurée, la volatilité est peu importante.

5 – La meilleure façon de protéger le capital, c’est de protéger le rendement du capital

La perte de rendement constitue le risque principal contre lequel l’investisseur doit se prémunir. Protéger le rendement de son portefeuille de placements est un principe cardinal de succès.

Car, à terme, le rendement cumulatif du capital constitue la partie la plus importante du capital investi (14).

6 – Les titres à hauts dividendes offrent le meilleur rapport risque-rendement

Les titres à dividendes ont un coefficient de risque moins élevé.

Une étude portant sur une période de 50 ans a démontré que les titres à hauts dividendes ont offert le plus haut rendement annuel. En même temps, ils se sont révélés beaucoup moins volatils que les titres de croissance (15).


Pour bien investir, la priorité n’est pas de maîtriser les chiffres. Ni de tenir compte de l’influence de l’IA* sur la stratégie de portefeuille.

L’important est de comprendre le comportement humain.

À court terme, les fluctuations de la bourse sont dictées par les sentiments des investisseurs. Sentiments qui oscillent entre la peur et la cupidité.

La peur éloigne les investisseurs du marché boursier. La liquidation massive de titres fait chuter les cours, ce qui crée des opportunités d’acquérir à rabais des titres de qualité.

La cupidité favorise les achats de titres spéculatifs, stimulés par le verbiage endémique des réseaux sociaux. Des investisseurs crédules se ruent sur des titres d’entreprises qui n’ont jamais fait de profits, dont la valeur intrinsèque* est nulle.

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La solution? Revenir aux 6 principes immuables de succès vous évitera de tomber dans le piège de ces deux fallacieux menteurs.

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(0)
(
1) Customer Relationship Management
(2) Fortune Business Insights, May 13 ’24.
(3) National Customer Rage Study, cité par Vermont Public, 15 mars ’23.
(4) CX Trends 2024, Zendesk.
(5) The State of Customer Service & CX 2024, Shep Hyken.
(6) 12 Customer Service Statistics, Embryo.
(7) 62% of companies ignore customer service emails, SuperOffice, March 16 ’23.
(8) 12 Customer Service Statistics, Embryo.
(9) Faut-il investir dans une belle histoire?
(10) Le rôle novateur des fonds de placements
(11) Traduction de « data mining »
(12) Quand la cupidité déforme la raison
(13) Le temps : paramètre de rendement le plus important
(14) Comprendre les notions de risque et de rendement
(15) Le rendement supérieur des titres à dividendes

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FAQ

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Est-ce que les crises boursières sont prévisibles?

Les crises boursières sont imprévisibles. Parce que si elles étaient prévisibles, tous prendraient d’avance les moyens de s’en protéger.

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Pourquoi les rendements boursiers sont historiquement positifs?

Les rendements sont positifs pour 3 raisons : 1) L’économie mondiale est en constante croissance; 2) à long terme, les prix des produits et services augmentent; 3) les investisseurs boursiers exigent de percevoir une prime de risque pour justifier leur investissement.

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Quelle est la phrase fétiche des répondeurs téléphoniques d’entreprises?

« Votre appel est important pour nous ». Souvent suivi de « ce temps d’attente est bien involontaire ». Le message se déclenche  lorsque vous êtes mis en attente pour une période indéterminée et la plupart du temps, excessive. Le tout accompagné d’une musique insupportable.

Cet article a été rédigé par Marc-Olivier Desmarais, CPA, Pl. Fin.

Il est planificateur financier indépendant. Sa pratique est encadrée par l'Autorité des Marchés Financiers (AMF) et par l'Institut de Planification Financière (IPF).

À travers les articles de Portefeuille 101, son objectif est de contribuer à la littératie financière et de stimuler la réflexion en matière de finances personnelles.

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