Obtenir un rendement supérieur à faible risque
On croit à tort qu’il faille sacrifier le rendement du portefeuille pour en diminuer le risque. À long terme, une telle approche peut être la source d’un appauvrissement important. Or, plusieurs mesures permettent de réduire le risque, sans amputer le rendement du portefeuille.
Douze mesures pour éviter une perte de valeur durable du portefeuille
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1 – Maintenir une perspective à long terme
Le temps est le paramètre de rendement le plus important. Selon l’approche fondamentale, on investit dans un titre avec l’objectif de le conserver à long terme, tant que le titre satisfera à nos critères de sélection. On se préoccupe peu des fluctuations à court terme du marché.
L’histoire des marchés démontre que plus la période de détention est longue, plus grande est la probabilité d’obtenir un rendement positif. Entre 1935 et 2016, détenir des actions canadiennes sur n’importe quelle période de 10 ans a produit un rendement positif dans…100% des cas! (1).
2 – Investir régulièrement
Le fait d’ajouter des fonds régulièrement (i.e. chaque mois) au portefeuille permet de tirer partir des fluctuations des marchés. Des marchés en baisse donnent l’opportunité d’acquérir des titres de qualité à prix réduit. Lorsque les titres sont chers, on en achète moins.
Il faut créer la saine habitude d’investir régulièrement.
3 – Ne pas tenter de prédire le comportement du marché
C’est un fait établi que des experts chevronnés n’arrivent pas à prédire les mouvements du marché (2). Pourquoi en serait-il autrement pour un investisseur amateur?
Ceux qui sont préoccupés par les fluctuations à court terme du marché sont portés à suivre les mouvements de la foule. Ils ont tendance à acheter lorsqu’une majorité d’investisseurs achètent et à vendre lorsqu’une majorité vend. C’est la recette pour acheter à haut prix et vendre à bas prix.
Les prévisionnistes utilisent des arguments rationnels. Or, à court et moyen termes, les marchés reflètent les sentiments des investisseurs plutôt qu’une stricte logique économique.
4 – Garder un œil sur le sentiment des investisseurs
Sans s’attacher à prédire les mouvements du marché, il convient de connaître le sentiment général des investisseurs à tout moment. Le Fear & Greed Index est un indicateur mis-à-jour quotidiennement dont l’objectif est d’évaluer lequel des sentiments de peur ou de cupidité prévaut sur le marché boursier (3).
L’indice présente un intérêt particulier lorsqu’il se situe dans les extrêmes.
À moins de 20, il suggère un sentiment de peur important. À plus de 80, le sentiment de cupidité est excessif. Comme il s’agit d’un indicateur contraire (4), un chiffre extrême peut signaler l’imminence d’une fluctuation importante des cours. Le cas échéant, cela donne l’opportunité d’anticiper ou de retarder une transaction d’achat ou de vente.
5 – Adopter une structure de portefeuille explicite et permanente
La bourse est un jeu de probabilités. Aucun placement n’est à l’abri du risque de perte.
Une structure de portefeuille explicite et permanente (5) permet de réduire ce risque. Dans telle structure, les placements sont répartis, selon des proportions prédéfinies, dans des secteurs économiques et des catégories de titres dont les caractéristiques diffèrent. Le risque est réduit parce que des titres de différents secteurs et catégories réagissent différemment aux événements qui affectent les marchés financiers.
6 – Favoriser les titres à hauts dividendes
Le risque de perte est réduit lorsqu’une portion importante du portefeuille est constituée de titres à hauts dividendes. Pour 2 raisons :
→ Les titres à hauts dividendes sont moins volatils que les titres de croissance.
→ Si le titre baisse, le dividende assure un rendement minimum qui compense la perte de valeur.
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7 – Investir dans des entreprises rentables et bien capitalisées
Les entreprises qui affichent un long historique de rentabilité, possèdent des ressources financières importantes et sont peu endettées, ont une marge de sûreté qui leur permet de faire face à des revers financiers imprévus.
8 – Limiter la proportion qu’un seul titre représente dans le portefeuille
Du jour au lendemain, n’importe quel titre peut plonger en raison de problèmes internes ou de circonstances extérieures. Même s’il s’agit d’un titre ayant une longue histoire et une solide performance historique. Un exemple : General Electric qui a perdu 50% de sa valeur en 2017. D’autres cas se produisent à chaque année. Toutefois, dans le cas de grandes sociétés bien établies, de tels cas sont rares.
Il n’en demeure pas moins qu’une perte, même importante, sur un titre ne doit pas affecter la valeur du portefeuille de façon notoire. Dans un portefeuille mature, un titre ne devrait jamais représenter plus de 4% de la valeur totale. Ce pourcentage pourrait être plus élevé s’il s’agit d’un fonds communs d’actions à dividendes de grandes sociétés.
9 – Prioriser les titres qui ont de faibles bêtas
Le bêta est un coefficient de volatilité qui mesure le risque systémique d’un titre (6). Il indique la relation entre les fluctuations de la valeur du titre et les fluctuations de son indice de référence (ex : indices TSX au Canada ou S&P 500 aux États-Unis).
À ce titre, il faut retenir que :
→ la volatilité mesure le risque d’un titre.
→ plus le bêta d’un titre est faible, plus son risque est faible par rapport aux titres de son indice de référence.
10 -Investir une partie des fonds en dollars américains
Dans la mesure où la plupart de nos dépenses personnelles sont effectuées en dollars canadiens, la majeure partie du portefeuille devrait aussi être investie (et générer des revenus) en dollars canadiens. L’appariement des revenus et des dépenses dans une devise commune réduit le risque d’encourir des pertes de change (i.e. pertes dues à des fluctuations du taux de change d’une monnaie étrangère dans laquelle nos placements seraient libellés).
En revanche, il est souhaitable qu’une partie du portefeuille (25-30%) soit libellée en dollars américains. Le dollar américain est une monnaie refuge et les bourses américaines ont des rendements historiques élevés. En outre, plusieurs grandes entreprises américaines sont des leaders mondiaux dans leurs domaines. Et, en ce sens, un investissement dans ces entreprises est une forme d’investissement dans l’économie mondiale.
Le fondement Titres à dividendes suggère deux catégories de titres qu’on devrait privilégier pour des placements sur le marché américain.
11 -Éviter d’investir dans une société fermée (non cotée en bourse)
Certaines entreprises cherchent du financement auprès d’investisseurs privés plutôt que par émission d’actions sur la bourse. Une raison peut être que le montant de capital requis n’est pas assez important pour justifier une entrée en bourse, en raison des coûts très élevés d’une telle opération. On dit que ces sociétés sont fermées, car elles ne sont pas cotées sur une bourse reconnue.
Ce genre de placements ne s’adresse qu’à des investisseurs aguerris. L’investisseur amateur devrait éviter de s’y aventurer.
L’avantage d’investir dans des titres cotés en bourse est que ces entreprises doivent se conformer à des exigences de divulgation financière et à des règles de gouvernance décrétées par les autorités réglementaires. C’est là un premier filet de protection pour l’investisseur.
En second lieu, lorsqu’un titre est coté en bourse, des analystes financiers s’intéressent à l’entreprise. Ils analysent les chiffres publiés, ils font des comparaisons avec des entreprises concurrentes, ils posent des questions aux dirigeants,… Leurs commentaires sont publiés dans des plateformes de communications accessibles à tous.
L’investisseur devrait se limiter à des titres suivis par plusieurs analystes. Ça lui permettra de comparer les opinions et d’effectuer des recoupements d’informations sur les enjeux dont on devrait tenir compte.
12 -Ne pas investir dans des titres cotés sur une bourse étrangère
On doit éviter d’acheter des titres transigés sur une bourse étrangère. Même s’il s’agit des titres de sociétés connues mondialement, le fait de transiger sur un parquet boursier étranger peut entraîner des complications, que ce soit pour disposer des titres ou pour traiter la documentation fiscale ou légale qui s’y rattache.
Il est préférable d’acquérir des ADR*, qui sont des titres équivalents à ceux de ces sociétés étrangères, mais transigés sur les bourses américaines. La plupart des grandes sociétés connues mondialement ont des ADR cotés aux États-Unis.
(1) Tableau Morningstar Andex 2016
(2) Voir La piètre valeur des prédictions boursières
(3) Voir Un indice pour savoir si c’est le temps d’investir
(4) Un indicateur contraire suggère le bon moment pour faire le contraire de ce que fait ou pense la majorité des investisseurs.
(5) Voir La structure de portefeuille
(6) Voir Le bêta : une donnée essentielle
FAQ
Quels sont les risques associés au fait de détenir des actions ?
Les actions ordinaires exposent le détenteur à une moins-value résultant de mauvais résultats ou d’autres événements pouvant affecter la performance de l’entreprise. Si les actions ordinaires sont porteuses de dividendes, il y a un risque que les dividendes soient diminués ou éliminés en cas de problème financier.
Comment investir sur le marché américain?
Une bonne façon d’investir sur le marché américain est de d’acheter des unités de fonds communs de placements détenant des titres d’entreprise américaines. Cela évite d’avoir à choisir, à analyser et à comparer des titres individuels d’entreprises que l’on connaît moins.
Comment déterminer son horizon de placement?
Déterminer l’horizon de placement est une étape nécessaire pour investir de façon à rencontrer ses besoins financiers. L’exercice consiste à déterminer la durée pendant laquelle on prévoit détenir un placement avant de le liquider pour en récupérer le produit.
Cet article a été rédigé par Marc-Olivier Desmarais, CPA, Pl. Fin.
Il est planificateur financier indépendant. Sa pratique est encadrée par l'Autorité des Marchés Financiers (AMF) et par l'Institut de Planification Financière (IPF).
À travers les articles de Portefeuille 101, son objectif est de contribuer à la littératie financière et de stimuler la réflexion en matière de finances personnelles.