Les options : pour spéculer intelligemment
Pour qui ne succombe pas à l’euphorie qu’elles peuvent créer, les options sont des outils susceptibles de bonifier le rendement du portefeuille, sans créer de risque indu. La mécanique n’est pas compliquée. Tout est une question de proportion et de discipline.
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Les options ne sont pas plus compliquées ni plus risquées que les actions
Le fait est quand même surprenant.
Plusieurs investisseurs soi-disant familiers avec la bourse, affirment que transiger des options est un processus compliqué, en plus d’être une stratégie risquée.
L’affirmation est erronée. Mais la raison qui motive ce genre d’opinion tombe sous le sens : on a peur de ce qu’on ne connaît pas.
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Une option est un contrat qui confère :
♦ à l’acheteur, le droit d’acheter ou de vendre une action sous-jacente à un prix et dans un délai déterminés.
♦ au vendeur, l’obligation d’acheter ou de vendre une action sous-jacente à un prix et dans un délai déterminés.
Il y a 4 transactions de base :
♦ Acheter ou vendre des options d’achat*,
♦ Acheter ou vendre des options de vente*.
Au contraire d’une action, une option comporte deux paramètres distinctifs:
♦ un prix de levée, soit le prix auquel le titre sous-jacent peut être transigé,
♦ une date d’expiration, soit le dernier jour où l’option peut être transigée.
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La mécanique des options est simple. Comme pour tout autre placement, aucun bénéfice n’est assuré. Pour en tirer les bénéfices, il est essentiel d’en comprendre la nature et d’avoir la discipline de respecter une démarche éprouvée.
Transiger des options selon une approche simplifiée
Les options constituent le complément intéressant d’une gestion de portefeuille cadrée dans une stratégie fondamentale (1).
Le placement en options ne devrait jamais représenter une portion significative du portefeuille. L’objectif est de bonifier le rendement global en tirant profit de circonstances qui s’y prêtent. Mais sans jamais créer un risque de perte importante. Et sans qu’on doive y consacrer des heures d’analyse.
Dans un article précédent, nous avons expliqué que la vente d’options d’achat couvertes contribue à diminuer le risque du portefeuille, en procurant un rendement immédiat (2).
Dans le présent article, nous proposons une 2e façon de transiger des options.
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Il s’agit d’une approche simplifiée, destinée à l’investisseur amateur qui gère ses placements selon une approche fondamentale.
Elle consiste à acheter des options d’achat et des options de vente.
L’approche est basée sur les principes suivants :
1 – Aller à l’encontre de l’opinion de la majorité
À court terme, les indices boursiers fluctuent selon que les investisseurs sont animés la peur ou la cupidité. Or, à la bourse, c’est précisément en allant à l’encontre des sentiments de la majorité qu’on peut en tirer des bénéfices. L’achat d’options est un outil idéal pour ce faire.
Lorsque les investisseurs sont craintifs, ils se tiennent à l’écart des marchés boursiers. Plus ils sont craintifs, plus ils sont vendeurs. Cela entraîne des baisses de valeur. A contrario, lorsque les investisseurs sont confiants, ils achètent. Cela fait monter le cours des actions. Plus ils sont euphoriques, plus les cours montent.
Lorsque l’euphorie atteint un niveau extrême, c’est l’occasion de prendre une position contraire, soit de miser sur une baisse future des cours de la bourse. Lorsque la peur devient extrême, l’opportunité consiste à miser une hausse éventuelle de l’indice.
L’achat d’options est justifié lorsque le sentiment de la majorité est extrême pour 2 bonnes raisons : 1) le sentiment ne demeure pas uniformément extrême sur de longues périodes. Des revirements, mêmes temporaires, se produisent périodiquement, ce qui permet d’en tirer profit et 2) les prix des options qui vont à l’encontre du sentiment ambiant (peur ou cupidité) sont bas.
Voir le paragraphe « L’outil de base » ci-après au sujet de l’indicateur qui mesure le sentiment ambiant du marché boursier.
2 – Profiter des périodes de grande volatilité
Le prix des options augmente lorsque les marchés sont nerveux, donc volatils.
Des professionnels du domaine sont en mesure de générer des rendements sur options même lorsque les marchés sont stables. Mais cela requiert des connaissances approfondies, des outils d’analyse sophistiqués et surtout du temps!
Notre approche, plus simple, entraîne des bénéfices lorsque les marchés sont affectés par des sentiments extrêmes de peur ou de cupidité. À cette fin, les périodes de grande volatilité sont idéales pour transiger des options. Nous limitons ainsi le nombre de transactions d’options, mais avec une espérance de gain plus sûre.
3 – Transiger les options ayant des dates d’expiration entre 9 et 12 mois
Toutes les options ont une date d’expiration. Plus on se rapproche de sa date d’expiration, plus une option perd de la valeur. Et plus elle perd cette valeur rapidement. Pour cette raison, il est particulièrement risqué d’acheter une option dont la date d’expiration est trop rapprochée.
D’un autre côté, les options qui comportent une date d’expiration très éloignée (i.e. plus de 12 mois) peuvent être inutilement dispendieuses en regard des opportunités de rendement potentielles.
Pour cette raison, il est préférable d’opter pour des dates d’expiration qui se situent entre 9 et 12 mois de la date de transaction. L’historique des fluctuations de l’indice boursier américain supporte ce paramètre (voir ci-bas).
4 – Transiger les options in the money
Les options in the money* coûtent plus cher, mais elles sont également plus sûres. La raison est que les options out of the money* nécessitent un mouvement de prix plus important pour devenir rentables. Aussi, elles sont plus susceptibles d’expirer sans valeur. Cela fait des options out of the money un pari plus risqué, même si elles sont moins chères.
Dans le contexte de l’approche que nous proposons, le risque additionnel d’acheter des options out of the money demeure trop élevé en regard d’un prix d’achat inférieur. On devrait opter pour un prix de levée in the money* accusant un écart inférieur à 5% du prix actuel de l’action sous-jacente.
5 – Choisir des options sur indices plutôt que sur titres
Il est plus simple de transiger des options sur des indices plutôt que sur des titres individuels.
Choisir les titres sur lesquels il serait opportun de transiger des options est un processus qui exige du temps, de même qu’une connaissance des facteurs spécifiques susceptibles d’influencer le cours de tel titre.
Pour un investisseur amateur, il est préférable de transiger des options basées sur le principal indice boursier américain, soit le S&P 500 (3).
L’exercice n’exige aucune recherche particulière. Tel qu’expliqué dans le paragraphe qui suit, la décision de transiger des options sur le S&P 500 s’appuie sur un indicateur défini, calculé en fonction de paramètres purement quantitatifs, facilement accessibles en tout temps (voir ci-après).
L’outil de base
Le Fear & Greed Index (FGI) est un excellente référence pour déterminer le moment opportun de transiger des options.
Le FGI sert à mesurer le niveau de peur et de cupidité des investisseurs. Il est disponible en tout temps et mis à jour quotidiennement.
L’indice est un chiffre qui représente le degré de peur/cupidité afférent au principal indice boursier américain.
En tout temps, le FGI se situe entre 1 et 100. En bas de 50, la peur domine. À plus de 50, c’est la cupidité.
Un sentiment de peur est extrême lorsque l’indice se situe en bas de 25. Un sentiment de cupidité est extrême quand l’indice dépasse 75.
Il convient alors de considérer l’achat d’options d’achat* lorsque le FGI descend à 25. Quand l’indice repasse à un niveau sensiblement plus élevé (disons 40+), l’option aura pris de la valeur. Il serait alors souhaitable de les vendre pour réaliser un profit raisonnable. De la même façon, lorsque le FGI atteint 75+, c’est l’occasion d’acheter des options de vente*.
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Deux (2) éléments nous intéressent :
1 – Lors des 12 derniers mois, l’indice a fluctué plus d’une fois entre la peur extrême et la cupidité extrême :
On peut raisonnablement assumer que des niveaux extrêmes sont atteints à l’intérieur d’une année. C’est pourquoi il convient d’acheter des options dont l’échéance se situe entre 9 et 12 mois de la date de transaction.
Si, pour quelque raison, le FGI ne fluctuait pas à des niveaux extrêmes, on n’aurait qu’à surseoir à l’achat d’options, évitant un risque indu de perte.
2 – Il existe une forte corrélation entre les fluctuations du FGI et celles de l’indice boursier
Le tableau suivant compare l’évolution de FGI avec celle de l’indice S&P 500 entre avril 2022 et mars 2023:
La corrélation est quasi parfaite. Le sentiment de peur s’accompagne invariablement de baisses boursières. Les cours bondissent à nouveau lorsque la cupidité devient le sentiment dominant.
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La dernière étape consiste à choisir le titre sur lequel on va transiger les options. Ce doit être un fonds indiciel qui reproduit le rendement de l’indice S&P 500. Il en existe plusieurs (SPY est le fonds indiciel plus transigé et le plus liquide).
Conclusion
L’achat d’options est un outil parmi d’autres qui peut bonifier le rendement d’un portefeuille de placements géré selon une approche fondamentale (voir plus haut).
La mécanique est simple. Comme pour tout autre placement boursier, l’achat d’options comporte un risque. Mais le risque est limité lorsqu’on respecte 3 conditions :
♦ L’investissement n’est pas excessif par rapport à l’ensemble du portefeuille. Le titulaire est en mesure d’encaisser une perte.
♦ On considère l’achat d’options uniquement lorsque toutes les conditions définies plus haut sont satisfaites.
♦ On vend les options dès qu’un profit raisonnable peut être réalisé. Ne pas fantasmer sur la possibilité de réaliser des gains extraordinaires.
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(1) La supériorité des stratégies fondamentales
(2) Transiger des options pour réduire le risque
(3) On ne peut transiger des options sur l’indice lui-même, mais plutôt sur un titre boursier représentatif de l’indice.
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FAQ
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Quelle est la différence entre une action ordinaire et une option ?
Une action ordinaire est un titre de propriété d’une entreprise. Une option est un contrat qui confère à l’acheteur le droit (et au vendeur l’obligation) d’acheter ou de vendre un bloc d’actions à une date et à un prix déterminé d’avance, lorsque les conditions prévues sont satisfaites.
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Les options peuvent-elles diminuer le risque d’investir en bourse?
La vente d’options d’achat couvertes est le moyen classique de diminuer le risque lié à la détention d’une action. Pour que la transaction puisse être réalisée, l’investisseur doit détenir un nombre d’actions sous-jacentes qui soit au moins égal au nombre d’options d’achats vendues.
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Les options donnent-elles droit aux dividendes versés sur le titre sous-jacent?
Non. Seule la détention des actions donne droit de percevoir les dividendes qui s’y rapportent.
Cet article a été rédigé par Marc-Olivier Desmarais, CPA, Pl. Fin.
Il est planificateur financier indépendant. Sa pratique est encadrée par l'Autorité des Marchés Financiers (AMF) et par l'Institut de Planification Financière (IPF).
À travers les articles de Portefeuille 101, son objectif est de contribuer à la littératie financière et de stimuler la réflexion en matière de finances personnelles.