La guerre entre bonnes et mauvaises nouvelles

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Une avalanche de mauvaises nouvelles bombardent les investisseurs tous les jours: résultats financiers décevants, scandales, conflits politiques, troubles sociaux, catastrophes. Les médias, résolument fixés sur les nouvelles négatives, entretiennent une perception excessivement pessimiste de l’état du monde. Notre santé et celle de notre portefeuille exigent d’adopter une vision réaliste des choses. Parce que la liste de bonnes nouvelles est longue.

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L’impact des mauvaises nouvelles sur nos comportements

Une revue des sujets traités par la presse écrite et télévisée illustre à quel point les médias sont fixés sur les nouvelles négatives.

Plusieurs études démontrent le lien entre la consommation abusive de mauvaises nouvelles, le stress et la dépression.

Une étude américaine a conclu que les personnes qui s’exposaient à plus de 6 heures de nouvelles à chaque jour avaient 9 fois plus de chances de ressentir du stress aigu que celles qui avaient été exposées à moins de nouvelles (1). Neuf (9) fois !

Des psychologues observent que le fait d’être constamment exposé à des nouvelles négatives entraîne une intolérance à l’incertitude. Cette intolérance crée un cercle vicieux : bien que les nouvelles soient une source d’anxiété, les gens ne peuvent s’empêcher de les suivre, espérant ainsi réduire leur niveau d’incertitude. Mais plus ils se tiennent informés, plus leur anxiété augmente.

Cela, les médias le savent très bien :

Sachant pertinemment que les catastrophes fascinent et retiennent l’attention, les chaînes d’information continue tendent à répéter des nouvelles négatives tout au long de leurs programmes, soutenues par une mise en scène qui amplifie la gravité de l’information (2).

Facilité en cela par les nouveaux outils qui permettent d’accéder 24 heures par jour aux réseaux d’information officiels et officieux, le phénomène de navigation compulsive gagne en importance. Il s’agit de la consultation quasi ininterrompue de nouvelles.

Or, on parle ici d’une suite sans fin de nouvelles négatives (guerres, troubles sociaux, scandales, pandémie, inflation, cataclysmes, réchauffement de la planète, pénurie de personnel, grève, congestion routière, incendies et accidents locaux, etc.).

La navigation compulsive affecte les gens de plusieurs façons:

♦  Ils consacrent moins de temps à la pratique de saines activités,

 Ils développent une perception négative de l’état du monde,

♦  Ils deviennent cyniques vis-à-vis les institutions,

♦  Ils perdent confiance en l’avenir,

♦  Ils accordent de plus en plus d’importance aux solutions simplistes de leaders extrémistes.

Nous craignons des événements malheureux qui pourraient se produire à l’avenir, mais dont la plupart n’arriveront jamais. De la même manière, nous revivons des problèmes qui ont pourtant disparu depuis longtemps.

Il est humain de s’inquiéter. Le problème c’est que nous oublions de donner de l’importance à ce qui va bien.


 

Les bonnes nouvelles sont légion

Les médias n’en ont cure, mais ils auraient peine à choisir laquelle bonne nouvelle pourrait faire la « une ». Car elles sont légion. Et elles touchent tous les domaines de la vie !

En voici quelques-unes, toutes récentes :

1 –  La première greffe d’une cornée artificielle

Des médecins français ont greffé une cornée artificielle à un patient aveugle depuis 16 ans. Après une semaine, celui-ci a retrouvé une vue quasi parfaite de son œil droit (3).

2 –  Un traitement contre le diabète de type 1

Des chercheurs américains ont installé un implant contenant des cellules souches aptes à se transformer en cellules sécrétrices d’insuline. L’exploit de 2021 est que l’implant expérimental s’est révélé sûr, toléré et assez efficace. Le traitement suscite un réel espoir de procurer une guérison fonctionnelle aux diabétiques (4).

3 –  Les heures de gloire de l’ARN messager

La pandémie a placé cette découverte au premier plan. Selon la revue Le Monde, elle aurait pu être honorée d’un prix Nobel. Les scientifiques misent désormais sur cette technique pour soigner des pathologies jusqu’à présent considérées comme incurables (5).

4 –  En un an, un organisme a retiré 100 000 kg de déchets plastiques du Pacifique

À fin juillet 2022, l’organisme The Ocean Cleanup avait retiré 101 353 kg de déchets plastiques de l’océan Pacifique. Le volume est impressionnant, bien qu’il représente moins qu’un millième de la quantité de plastique qui pollue cet océan. Il reste qu’il s’agit d’une initiative structurée qui compte aujourd’hui plus d’une centaine de collaborateurs possédant diverses compétences. En retour, The Ocean Cleanup a contribué à l’émergence d’autres organisations ayant des objectifs similaires. Il s’agit là d’un mouvement global dont l’impact futur sera significatif (6).

5 – L’Ouzbékistan apporte une solution au manque de maternelles

Il y a cinq ans, un enfant sur quatre allait à l’école maternelle. Dans les zones reculées, c’était un sur dix. Le gouvernement a trouvé une solution : une flotte d’autobus scolaires conçus pour éduquer des enfants de trois à sept ans. Résultat : le taux de scolarisation préscolaire est passé de 27 % à 67 %. Les autorités du pays vise à atteindre 80 % d’ici 2026 (7).

6 – Un justicier informatique arnaque les arnaqueurs

Il est informaticien le jour et justicier la nuit. Jim Browning traque les escrocs qui volent l’argent des gens en ligne. Il expose les tactiques employées et contribue à les démasquer. Quatre millions de personnes le suivent sur YouTube (8).

7 –  Trois pays abolissent la peine de mort

Le Kazakhstan, la Sierra Leone et le Malawi ont aboli la peine de mort. Cela porte à 117 le total des pays qui ont aboli ce châtiment (9).

8 –  Une immense usine transforme le CO2 en pierre

Depuis septembre 2021, une usine islandaise aspire l’air ambiant, en extrait le CO2 et le transforme en roche. L’usine peut transformer 4 000 tonnes de CO2 annuellement. Des résultats symboliques, mais fort prometteurs. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) privilégie cette technique innovatrice pour contenir le réchauffement climatique (10).

9 –  Les énergies vertes se développent à un rythme accéléré

Depuis un an, les énergies vertes ont représenté plus de 80 % des nouvelles capacités électriques. En 2020, les deux tiers des nouvelles centrales d’énergie verte installées ont coûté moins cher que les centrales à combustibles fossiles les moins onéreuses sur la même période. Par rapport à l’année précédente, le coût de l’énergie solaire a baissé de 16 % et celui de l’énergie éolienne terrestre de 13 % (11).

10 – Un important propriétaire immobilier va réduire sensiblement son empreinte carbone

La firme Ivanhoé-Cambridge (Place Ville Marie, Centre Eaton, Reine Élizabeth, Montréal Trust), va réduire l’empreinte carbone de ses édifices montréalais de 55% d’ici 2030 par rapport à 2017. L’entreprise veut créer un effet d’entraînement au sein de son industrie et de ses partenaires en vue d’accélérer la transition climatique (12).

11 – Une scientifique améliore la qualité du blé canadien

Une chercheuse scientifique de la Saskatchewan a identifié les marqueurs moléculaires associés à la résistance d’une maladie du blé. L’information permet de sélectionner des variétés de blé résistantes à la maladie. Ceci représente des millions de dollars d’économies pour les agriculteurs canadiens (13).

12 – On découvre que les arbres peuvent améliorer le rendement des terres agricoles

Un chercheur canadien a démontré que les arbres comportent des avantages jusqu’ici ignorés si on les utilise à bon escient. En plus d’emprisonner d’énormes quantités de GES, ils peuvent protéger les terres agricoles des ravages de la sécheresse en jouant le rôle de brise-vent. Les travaux de Colin Larocque (PhD) permettent aussi de calculer la valeur monétaire des brise-vents en termes de compensation des émissions de carbone (14).

13 – Des espèces de thon autrefois menacées ne le sont plus

Selon un rapport de l’Union internationale pour la conservation de la nature, quatre espèces de thons ne sont plus menacées, grâce à des quotas de pêche plus durables et une lutte plus efficace contre la pêche illégale (15).

14 – Une ville flottante voit le jour

Au large des Maldives, une ville flottante a pris forme. Composée de maisons, de restaurants, de boutiques, d’une école et d’un hôpital, cet exploit futuriste d’architecture a ouvert ses premières unités en 2022. La ville abritera 20,000 personnes d’ici son achèvement en 2027. Que voilà un exemple d’envergure d’un pays qui s’adapte à la montée du niveau de la mer. L’initiative offre un espoir au demi-million de personnes qui y vivent (16).

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Ces exemples témoignent que des milliers de gens développent chaque jour des projets qui ont du succès et améliorent le sort de notre monde.

Malheureusement, ce n’est pas ce dont les grands médias veulent parler. Serait-ce parce que les nouvelles négatives se vendent beaucoup plus facilement que les bonnes?


Le pessimisme a plus de poids que l’optimisme

Chez les investisseurs, une perception excessivement pessimiste de l’état du monde entraîne des comportements imprévisibles, irréfléchis et toujours exagérés.

Les nouvelles négatives poussent les investisseurs à vendre leurs actions. Des résultats financiers médiocres, un scandale touchant la gouvernance d’entreprise, une incertitude économique ou politique, créent des raisons de vendre.

Certes, les nouvelles positives ont l’effet contraire.

Le problème est que l’aversion pour une perte est deux fois plus importante que la satisfaction causée par un gain (17). Lorsque le portefeuille perd de la valeur de façon significative, ce biais pousse l’amateur à sortir du marché plutôt que d’acheter des titres à rabais.

En matière de placement, une vision optimiste est essentielle.

L’optimisme est un trait commun des grands investisseurs :

Warren Buffett est connu pour deux choses : le rendement de ses investissements et son optimisme légendaire. À des étudiants qui lui demandaient sa définition du succès, il avait répondu : « Je ne sais trop comment définir le succès; mais le bonheur est ce qui me définit ».

Dans un rapport annuel de la fondation Bill & Melinda Gates, cette dernière lui avait écrit: « Votre optimisme ne découle pas de votre succès; votre optimisme a créé votre succès ».(18)

Les grands investisseurs sont heureux de vivre comme ils l’entendent.  Ils gardent foi dans l’avenir, convaincus qu’on n’arrêtera jamais la marche du progrès. L’histoire des marchés financiers démontre que la probabilité de connaître des rendements boursiers positifs sur n’importe quel horizon de 10 ans est de 95% .


Donner aux bonnes nouvelles la place qui leur revient

À la bourse comme dans la vie, il n’y a pas de succès sans optimisme. Pour le cultiver, il faut donner aux bonnes nouvelles la place qui leur revient.

On est fortement tentés de laisser aux médias le pouvoir de nous dicter leur vision de l’actualité.

Or, on ne prétend pas que les faits qu’ils relatent soient impertinents. Ce qu’on conteste, c’est que les faits présentés comme étant l’actualité du jour ne comportent pas leur juste part d’événements positifs tout aussi pertinents.

Il existe des solutions pour combattre la dépendance aux mauvaises nouvelles :

Diversifier ses sources d’informations

Diversifier ses sources d’information permet de mieux percevoir ce qui se passe dans le monde. Tous les médias ont leurs propres biais. Des médias plus libéraux peuvent rapporter des informations différentes que des médias plus conservateurs. Ils peuvent même rapporter la même information sous des angles différents.

Être conscient du biais de négativité

C’est la tendance innée à donner plus de poids à une information négative qu’à une information positive. Il est important de garder cette réalité en tête.

Combattre le cynisme

Dans son sens profane, le cynisme se caractérise par une faible confiance dans les motifs d’autrui, voire une absence d’espoir dans l’humanité. Le cynisme est une démission. C’est une forme de lassitude qui dispense de tout effort de comprendre ou d’améliorer une situation. La solution est de remplacer le cynisme par l’effort et l’engagement personnels.

Maintenir une vision à long terme de l’évolution de notre monde

Nos systèmes d’information mesurent tout au mois ou au trimestre. La conséquence est qu’on entretient un sentiment d’urgence permanent. Il faut réapprendre à concevoir l’évolution du monde dans un horizon minimum de 10 ans.

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On doit cultiver une vision équilibrée du monde – une vision qui permet de croire qu’on progresse vers un avenir meilleur. Pour cela, on doit commencer par prendre conscience de ce qui va bien.

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(0)

(1) Les effets néfastes du « doomscrolling », Radio-Canada, 29 novembre ’20.
(2) Comment les mauvaises nouvelles nous affectent-elles ?, Pourquoi Docteur?, Avril ’21.
(3) Première greffe d’une cornée artificielle à Montpellier, ICI par France Bleue et France 3, Novembre ’21.
(4) Les premiers essais sur l’humain d’un “traitement fonctionnel » pour le diabète de type 1 sont concluants, Guru Med, 8 déc. ’21.
(5) Les promesses de l’ARN messager, Le Monde, 3 janvier ’22.
(6) Top 10 Ocean Cleaning Start-ups, Recycling Start-ups, Sept. 3 ’22,
(7) Uzbekistan’s solution to a lack of rural preschools, Positive News, Oct. 26 ’22.
(8) Jim Browning (YouTuber), Wikipedia, Mise-à jour Oct ’22.
(9) Le Parisien, 30 décembre ’21. Le Kazakhstan maintient la peine de mort pour certains crimes exceptionnels.
(10) Cette usine capte le C02 et le transforme en pierre, Le Parisien, 2 novembre ’21.
(11) Le secteur incontournable des énergies vertes
(12) Ivanhoé Cambridge (web site), May ’22.
(13) Pour l’amour du blé : les recherches sur le blé de Samia Berraies, Agriculture Canada, février ’22.
(14) L’argent pousse dans les arbres, Agriculture Canada, janvier ’22.
(15) Les espèces de thon se rétablissent malgré les pressions croissantes sur la vie marine, UICN, 4 sept ’21.
(16) Introducing the world’s first floating city, Positive News, Oct. 14 ’22.
(17) Cette thèse a été développée par D. Kahneman et A. Tversky dans Loss Aversion in Riskless Choice: A Reference-Dependent Model.
(18) Le Graal des grands investisseurs.

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FAQ

 

Est-ce que la bourse va remonter ?

Personne ne peut prédire quand et dans quelle mesure les indices boursiers vont remonter de manière convaincante. Ce qu’on sait, c’est qu’au cours du dernier siècle, la bourse canadienne n’a pas connu de rendement négatif pour toutes périodes supérieures à 10 ans.

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Est-ce une bonne nouvelle quand la bourse baisse ?

Une baisse des cours boursier donne l’opportunité d’acquérir à rabais des titres d’entreprises rentables. L’important est de déterminer si la valeur intrinsèque d’un titre est supérieure à sa valeur marchande.

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Peut-on être optimiste et craindre d’investir ?

Un placement boursier n’est jamais garanti. Il est normal d’avoir une certaine appréhension face à un tel placement. C’est pourquoi il importe d’investir dans le cadre d’une structure de portefeuille explicite, de le faire dans une optique à long terme et de valider les titres que l’on détient sur la base de leur données fondamentales de performance.

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