Comment la personnalité influence la stratégie de placement

Personnalités.1

Chaque investisseur doit adopter la stratégie de placement qui convient le mieux à sa personnalité et sa vision du monde. Mais, peu importe la stratégie, elle doit respecter les 3 principes garants de son succès.


Quels sont les 3 éléments qui caractérisent la gestion d’un portefeuille ?

1 – L’approche analytique des titres et du marché boursier

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On peut analyser les titres et le marché boursiers selon deux (2) approches :
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A.  L’approche fondamentale

L’approche fondamentale est centrée sur l’analyse des données de performance des entreprises, telles que les bénéfices, la croissance des revenus, la qualité du bilan et la position concurrentielle. L’analyse peut s’étendre également à l’environnement économique dans lequel elles évoluent, plus précisément aux secteurs d’activités concernés.

Les stratégies fondamentales portent sur des horizons à moyen et long terme (i.e. plusieurs années).

Chaque stratégie favorise la recherche de titres qui rencontrent des critères de performance particuliers. Par exemple :

® Valeur

Titres négociés à un prix inférieur à leur valeur intrinsèque.

® Croissance

Titres de sociétés dont le chiffre d’affaires est en hausse.

® PME

Titres de sociétés ayant une capitalisation boursière entre 300 millions et 2 milliards de dollars.

Les actions à petite capitalisation ont historiquement surperformé les actions à grande capitalisation, tout en étant plus volatiles et plus risquées.

® Investissement responsable

Titres de sociétés dont les comportements Intègrent les critères environnement, société et gouvernance (ESG).

® Revenus

Titres qui génèrent un flux de revenus régulier et prévisible sur une longue période.

® Indices

Unités de fonds de placements qui cherchent à répliquer les rendements d’un indice de référence.

® Dividendes et aristocrates des dividendes

Titres dont la valeur marchande est inférieure à la valeur actualisée des dividendes futurs.

Titres qui augmentent leurs dividendes à chaque année (aristocrates).
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B.  L’approche technique

L’approche technique analyse les comportements des investisseurs plutôt que la performance économique des entreprises. Les stratégies sont centrées sur les volumes transactionnels et les variations de prix de titres ou d’indices pour des périodes données.

Les stratégies techniques utilisent des indicateurs quantitatifs pour analyser un titre ou un indice afin d’identifier les tendances et évaluer leur influence sur les prix du marché. Ces stratégies portent généralement sur de courts horizons de temps (moins d’un an).

Parmi les indicateurs fréquemment utilisés :

la méthode de la moyenne mobile (calcul et interprétation),
l’indicateur de convergence-divergence (MACD),
l’indice du flux monétaire,
l’oscillateur stochastique,
l’indice de force relative (RSI4),
l’indice du flux monétaire (MFI5),
le ratio Option de vente/Options d’achats,
l’étude de l’évolution des positions à découvert.
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2 – Le choix des titres


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Les titres peuvent être choisis selon deux (2) approches (1).

A.  L’approche descendante

Les titres sont choisis en partant du plus général, l’économie dans son ensemble, pour aboutir au plus spécifique, le choix du titre d’une entreprise à un prix donné. On peut résumer la démarche comme suit :

→ Analyse de l’économie pour déterminer les grandes tendances (croissance, inflation, etc.),
→ Mesure de l’impact sur les secteurs d’activité,
→ Analyse des secteurs industriels les plus prometteurs,
→ Analyse des entreprises les mieux positionnées à l’intérieur des secteurs ciblés,
→ Analyse du prix des titres susceptibles d’être choisis.

A. L’approche ascendante

Cette approche a été popularisée par Benjamin Graham, mentor avéré de Warren Buffett.

Ses adeptes croient qu’une analyse serrée de la performance et de la situation financière de plusieurs entreprises, va permettre d’identifier les véritables aubaines. Pour eux, rien ne sert de s’attarder à la situation économique parce que la tendance à long terme est à la hausse de toute façon. De plus, il n’est pas nécessaire d’investir dans des entreprises appartenant à des secteurs prometteurs, car des profits exceptionnels peuvent être réalisés par toutes entreprises qui dominent leur secteur d’activité.
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3 – Le mode de gestion du portefeuille

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Trois (3) façons de gérer un portefeuille de placements :

A. La gestion active

En gestion active, les fonds sont investis dans les titres et dans les proportions qui répondent aux critères du gestionnaire du portefeuille (2). La gestion active est dynamique car la décision d’acheter, de conserver et de vendre un titre relève d’une décision consciente et raisonnée du gestionnaire.

Avantages et inconvénients :

Offre la possibilité d’un rendement supérieur (et le risque d’un rendement inférieur) aux indices boursiers,
Comporte des frais de gestion plus élevés (sauf si le gestionnaire est l’investisseur lui-même).

B. La gestion passive

En gestion passive, les fonds sont investis dans les mêmes titres et les mêmes proportions que ceux qui composent un indice de référence (3), sans tenir compte de l’horizon de rendement de l’investisseur. Les fonds indiciels sont des modèles de gestion passive.

Avantages et inconvénients :

Garantit un rendement équivalent, mais jamais supérieur ou inférieur, à celui du marché de référence,
Requiert très peu de temps de la part de l’investisseur,
Évite qu’on transige des titres en étant motivés par la peur ou la cupidité,
Comporte des frais de gestion très bas.

C. La gestion hybride

La gestion hybride combine les avantages de la gestion active et de la gestion passive (4).


 

Comment savoir quelle stratégie de placement est la plus appropriée ?

De nombreux investisseurs s’interrogent sur la stratégie boursière qu’ils devraient adopter. Ils consacrent des heures à lire des ouvrages et écouter les conseils d’investisseurs légendaires.

Georges Soros, Warren Buffett, Peter Lynch, Ray Dalio, Jack Bogle, Mark Cuban sont de grands investisseurs de notre époque. Tous ont réalisé des rendements à long terme exceptionnels. Pourtant, une abondante littérature démontre qu’ils ont tous des stratégies boursières différentes, parfois même opposées (5).

Un premier constat s’impose: une stratégie performante est d’abord adaptée à la personnalité et la façon de penser de l’investisseur.

Certains se plaisent à dire que les adeptes de sports extrêmes sont portés à investir dans des titres risqués, alors que les libraires préfèrent les obligations d’épargne. Ces affirmations simplistes ont été largement démenties.

Cependant, des études plus poussées révèlent des éléments intéressants. Voyons la conclusion de l’une d’entre elles.

Le test TCI (6)

L’auteur d’un article paru dans Morningstar utilise les données d’un test de personnalité développé par des chercheurs finlandais pour établir des parallèles entre la personnalité et le style d’investissement qui convient à un individu (7).

Le test mesure différents traits de personnalité. Aux fins de leur étude, les auteurs en retiennent deux :

A. La recherche de la nouveauté

Ceux qui obtiennent un score élevé s’ennuient aisément.

Les individus patients obtiennent un score peu élevé.

B. Le besoin de reconnaissance

Ceux qui ont un score élevé :

→ sont fortement préoccupés par ce que les autres pensent d’eux.
→ ont des comportements dictés en bonne partie par les indices qu’ils perçoivent de leur entourage.

Ceux qui obtiennent un score peu élevé n’ont cure de l’opinion des autres.
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Bien que ceci n’ait pas de connotation scientifique, ces observations suggèrent que :

® Ceux qui recherchent la nouveauté privilégient les stratégies techniques, axées sur les résultats à court terme,
® La gestion passive convient à l’approche fondamentale, destinée à l’investisseur patient qui n’aime pas spéculer,
® Le besoin de reconnaissance incite à la recherche de résultats à court terme, favorisée par les stratégies techniques.

 

Trois types de personnalités

À la lumière des observations formulées dans l’article de Morningstar, on retient que trois (3) types de personnalité conviennent à des approches boursières distinctes:

1 – Les optimistes

Les investisseurs qui adoptent des stratégies de croissance sont des optimistes. Ils ont naturellement les yeux tournés vers l’avenir. Ils se fient aux déclarations des dirigeants des entreprises dans lesquelles ils investissent. Ils ont tendance à agir de façon impulsive.

2 – Les sceptiques

Les sceptiques favorisent l’approche fondamentale et les stratégies axées sur la valeur (plutôt que la croissance). Ils accordent beaucoup d’importance au passé. Ils se méfient des déclarations des dirigeants d’entreprises. Ils analysent les faits et cherchent à corroborer leur compréhension de la réalité. Ils agissent sans précipitation.

3 – Les pessimistes

Les pessimistes n’investissent pas à la bourse. Leur perception des risques occupe une place si importante qu’elle occulte tout attrait d’un rendement futur.


 

Distinguer les investisseurs individuels vs institutionnels

On aura compris que les points soulevés concernent les investisseurs individuels et non les investisseurs institutionnels. Il est pertinent de mentionner ce qui les distingue, car les investisseurs individuels peuvent en tirer d’utiles enseignements des façons de faire des investisseurs institutionnels.

1 – Horizon temporel

Un horizon de rendement est la période qui correspond au cycle de vie du portefeuille d’investissement. Les gestionnaires de fonds communs (incluant les caisses de retraite) ont un horizon temporel indéfini. Car les fonds n’ont pas de dates d’échéance (sauf de rares exceptions).

Dans le cas des caisses de retraite, bien que les bénéficiaires changent avec le temps, la masse de bénéficiaires se perpétue. Il  n’y a pas de date terminale comme c’est le cas pour un individu dont on peut estimer la durée au cours de laquelle il devra compter sur le rendement de son portefeuille.

Pour les particuliers, l’horizon temporel est souvent mal défini. Dans plusieurs cas, l’importance donnée au rendement à court terme résulte en un horizon temporel beaucoup trop court. On oublie que le temps est le principal  paramètre de rendement.

2 – Manque de connaissances

En matière de placements, l’investisseur amateur possède souvent des connaissances plus limitées. Ainsi, certains n’investissent pas dans des titres étrangers, des fonds à capital fermé, des obligations convertibles, des fiducies de revenus ou d’autres placements avec lesquels ils ne sont pas familiers. A contrario, l’investisseur institutionnel bénéficie de ressources qui lui permettent d’intégrer un éventail d’actifs beaucoup plus complet.

L’investisseur individuel a raison de ne pas investir dans des véhicules qu’il ne maîtrise pas. Mais ce manque de connaissances l‘empêche d’optimiser le rapport risque-rendement de son portefeuille.

Le cas échéant, le recours à un spécialiste en placements pourrait lui être bénéfique.

3 – Prise de décision

Les investisseurs institutionnels sont tenus de suivre des politiques d’investissement rigoureuses pour encadrer le processus de choix de placements. Leurs décisions sont en bonne partie basées sur des éléments quantitatifs.

Les individus font souvent intervenir toutes sortes de considérations subjectives. Ils tendent à être influencés par leurs émotions, partagés entre la peur et la cupidité. Le cas échéant, ceci les amène à faire des choix sous-optimaux qui nuisent à la performance à long terme de leur portefeuille.


Les stratégies varient. Mais les principes de succès sont immuables.

Chaque investisseur doit adopter la stratégie d’investissement qui convient le mieux à sa personnalité. Comme dans les autres sphères de la vie, les meilleurs choix sont ceux qui s’harmonisent avec notre façon de voir et de comprendre le monde qui nous entoure.

Mais, toute stratégie de portefeuille ne produira un rendement supérieur à long terme que si elle respecte trois principes (8) :

1 – La persévérance

La persévérance c’est la capacité de tenir bon, de garder le cap malgré les vents contraires. Dans le domaine du placement, c’est la capacité de maintenir l’approche disciplinée qu’on a choisie, de ne pas se laisser séduire par les promesses faciles de soi-disant experts. Comme l’athlète de haut niveau, s’astreindre à refaire les étapes requises pour optimiser les meilleurs choix.

2 – La prudence

En ce domaine, la prudence part d’une prémisse : le vrai test d’une stratégie de portefeuille est le rendement obtenu lorsque les marchés sont en baisse. Aussi, la prudence exige de se protéger d’un risque qui a pris une ampleur sans précédent au cours de la dernière décennie : le risque de rendement nul ou insignifiant.

Éviter l’erreur de ceux qui ont commis l’imprudence de ne pas investir. Éviter tout autant l’erreur de ceux qui ont investi sans avoir de stratégie éprouvée.

3 – La patience

Le temps est le principal paramètre de rendement. La première condition de succès est de commencer tôt à investir. Plus longtemps on reste investi, plus la probabilité de gain augmente et plus la probabilité de perte diminue.

La patience, c’est aussi une attitude qui se traduit par des comportements :

♦  Ne jamais penser que faire de l’argent est un jeu facile.

♦  Rester fidèle à son approche, peu importe les circonstances.

♦  Ne sauter aucune étape du processus.


(1) Certains éléments de cette section ont été tirés de Gérer le portefeuille de valeurs mobilières, ch. 8, ICLF.
(2) Le gestionnaire peut être l’investisseur qui choisit lui-même les titres de son portefeuille.
(3) Tels que des indices boursiers généraux comme le TSX et le S&P 500, ou des indices sectoriels, par industrie, etc.
(4) Voir La gestion hybride : heureux mariage de la gestion active et passive.
(5) Par exemple, Warren Buffett, Jack Bogle et Peter Lynch avaient des vues fort différentes quant à la composition et la diversification d’un portefeuille.
(6) Temperament/Character Inventory
(7) How Personalities Determine Investment Styles, Morningstar, June 3 ’21.
(8) Voir Les trois piliers de PORTEFEUILLE 101


FAQ

 

Comment connaître son profil d’investisseur?

Trois éléments caractérisent le profil d’un investisseur : 1) La longueur de l’horizon de rendement (mois, années, décennies), 2) la capacité de tolérer des variations de valeur du portefeuille et 3) le besoin de toucher les revenus de placements pour subvenir à ses besoins financiers.

 

Comment choisir des placements?

Le choix des placements dépend d’abord des paramètres établis pour structurer le portefeuille. En second lieu, les placements doivent être conséquents avec l’horizon de rendement de l’investisseur. Enfin, cela dépend du degré de volatilité que celui-ci est prêt à tolérer au cours de son horizon de rendement.

 

Quelle est la différence entre l’approche fondamentale et l’approche technique?

L’approche fondamentale est centrée sur l’analyse de la performance des entreprises. Cela inclut les revenus, les bénéfices, l’endettement, la position concurrentielle. L’approche technique s’intéresse au comportement des investisseurs vis-à-vis une entreprise ou un marché. L’analyse porte sur les variations de prix et de volume au cours de périodes données.

Cet article a été rédigé par Marc-Olivier Desmarais, CPA, Pl. Fin.

Il est planificateur financier indépendant. Sa pratique est encadrée par l'Autorité des Marchés Financiers (AMF) et par l'Institut de Planification Financière (IPF).

À travers les articles de Portefeuille 101, son objectif est de contribuer à la littératie financière et de stimuler la réflexion en matière de finances personnelles.

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