Les Aristocrates : pour un meilleur rapport risque/rendement

17 avril 2020


Le premier défi de l'investisseur, c’est de disposer des données qui permettent d’identifier les titres qui offrent le meilleur rapport risque/rendement.

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Un trait commun aux titres les plus performants

Dans Le bêta : une donnée essentielle, nous avons expliqué que les titres ayant un faible bêta tendent à offrir un rendement supérieur. 

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Comprendre les notions de risque et de rendement

Avant d’aller plus loin, il convient de rappeler deux principes de gestion d’un portefeuille:

1 –   Protéger le rendement du capital

Voici un extrait du fondement Comprendre les notions de risque et de rendement :

Selon la pensée conventionnelle, plus l'investisseur désire obtenir un haut taux de rendement, plus il doit  prendre de risques. Cette prémisse est fausse car elle suppose que la *perte de capital investi* est le risque dont il faut se prémunir. Un rendement médiocre (ex: sur l'encaisse, les dépôts à terme, les obligations gouvernementales, ...) cause un manque à gagner qui se cumule à chaque année. Ce manque à gagner constitue une perte de capital.

Plus la période de détention de tels titres est longue, plus la perte de capital est importante. Il est important de comprendre qu'après quelques années, le rendement cumulatif du capital devient plus important que le capital investi au départ.

2 -   Mesurer le risque de manière objective

Plusieurs experts ont recours à des considérations subjectives pour évaluer le risque des titres qu’ils analysent. Ils émettent des conjectures relatives aux éléments qui devraient influencer la performance future des entreprises. Leur évaluation est basée sur des considérations subjectives, donc incertaines.

En matière de placement, la volatilité est l’élément qui détermine le risque d’un actif. Pour évaluer le risque d’un titre par rapport au risque du marché, on utilise le bêta, un indicateur qui mesure la relation entre les fluctuations de la valeur de l’actif et les fluctuations de son indice de référence. Le bêta n’est pas une conjecture. C’est une mesure objective.

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La base de données: les Aristocrates

Le site Dividend Growth Investing & Retirement répertorie les titres canadiens ayant augmenté leur dividende à chaque année durant au moins les 5 dernières années. On les appelle les Aristocrates.

La liste du 30 mars 2020 contenait 106 entreprises. De cette liste, nous avons retenu les 55 capitalisations les plus importantes(1) lesquelles représentent 67% de la capitalisation totale de l’indice TSX à cette date.

Les paramètres d’analyse

Nous avons analysé les titres selon les paramètres suivants :

Le rendement annuel sur 5 ans

C’est le principal paramètre de choix. À peu près tous les sites de professionnels en placements tiennent à préciser que les performances passées ne sont pas garantes des performances futures. C’est une lapalissade. RIEN ne peut garantir le futur. En revanche, lorsqu’une entreprise démontre une capacité (ou une incapacité) chronique à livrer des résultats financiers à la hauteur des attentes qu’elle a suscitées, que voilà une base crédible pour évaluer dans quelle mesure elle continuera de progresser.

Les rendements ont été obtenus du site Canada Stock Channel.

Le bêta

Un titre ayant un bêta inférieur à 1 a des fluctuations moins prononcées que celles de son marché. On le considère comme défensif. En contrepartie, un titre ayant un bêta supérieur à 1 est considéré comme agressif. Les  bêtas ont été obtenus du site Yahoo Finance.

Le dividende

Un des trois constats historiques de PORTEFEUILLE 101 est que les titres à dividendes ont les meilleurs rendements historiques.

La capitalisation

La capitalisation boursière d’une entreprise pourrait influencer le rapport risque/rendement de son titre.

L’industrie

L’objectif est de voir si les entreprises appartenant à des industries particulières ont eu un meilleur rapport risque/rendement que d’autres.

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Résultats

1 - Rendement vs bêta

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1er constat – Les titres avec les plus faibles bêtas ont les meilleurs rendements


2 - Rendement vs la taille

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L’écart de rendements et de bêtas est plus frappant quand on compare les 5 plus grandes capitalisations avec les 5 plus petites :

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2e constat : Les entreprises de grande taille tendent à avoir de meilleurs rendements


3 - Rendements des Aristocrates

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Tel qu’indiqué en introduction, notre sélection inclut les 55 Aristocrates les plus importants. Nous les appelons les Grands Aristocrates. Ils représentent 67% de la capitalisation de l’indice TSX.   Voici comment leur rendement annuel sur 5 ans se compare à celui de l’indice TSX (230 titres) :

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Source (2)

3e constat : Les Grands Aristocrates ont produit un rendement supérieur au rendement de l’indice.


4 - Rendement vs industrie

 

Voici comment se compare le rendement des industries représentées par les titres de notre sélection(3):

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Les industries des services financiers et du pétrole et gaz ont connu les plus mauvais rendements et davantage de volatilité au cours des 5 dernières années. On peut attribuer cette mauvaise performance à la débâcle boursière de mars/avril 2020 et à une guerre du pétrole entamée au même moment par de grands producteurs. Ces deux industries ont été parmi les plus touchées.

4e constat : L’industrie n’est pas un facteur déterminant du rapport risque/rendement.


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Retenir 4 constats

La performance boursière de mars 2016 à mars 2020 suggère que:

 Les titres avec les plus faibles bêtas ont des rendements supérieurs.

 Les entreprises de grande taille tendent à avoir de meilleurs rendements.

 Les Grands Aristocrates ont produit des rendements nettement supérieurs au rendement de l’indice.

L’industrie ne constitue pas un facteur déterminant du rapport risque/rendement.

Conclusion

Choisir un titre qui offre les meilleures perspectives de rendement à long terme devient un exercice moins hasardeux lorsqu’on dispose de paramètres supportés par des données empiriques.

Les titres de grandes entreprises, ayant de faibles bêtas et qui sont membres du club des Aristocrates constituent un groupe privilégié à partir duquel l’investisseur peut entamer sa recherche de titres qui offrent les meilleurs rapports risque/rendement.

Lien rendement-volatilité-augmentation du dividende

Rappelons que des études empiriques ont démontré que les titres les moins volatils avaient, sur de longues périodes, réalisé une sur-performance annuelle avec une volatilité inférieure par rapport aux titres de l’indice (voir Le bêta : une donnée essentielle).

Une autre étude indique qu'entre 1989 et 2018, les titres américains qui augmentaient leurs dividendes à chaque année durant 25 ans, avaient collectivement réalisé un rendement annuel de 11,6% vs 9,3% pour l'indice S&P 500, avec une volatilité inférieure (14,2% vs 17,4%)(4) .

Notre analyse a été effectuée dans un creux boursier majeur : l’indice TSX a perdu 22% au cours du premier trimestre. Nos constats confirment sans équivoque la conclusion de ces études.

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(1) Desquelles nous avons exclu le titre de FSV. Son rendement inhabituel aurait indûment faussé des observations touchant des groupes d’analyse restreints.
(2) Calculé en retraitant le produit du rendement de chaque Grand Aristocrate par sa valeur proportionnelle sur l’indice, du rendement de l’indice pour la période.
(3) L’industrie « Matériaux » a été retirée de l’analyse car la sélection ne comprend qu’une seule entreprise.
(4)
In volatile markets, investors may find comfort in dividends, Merrill Lynch, 2019.


 

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