Investir à la bourse
Fondement #5d
Les risques liés à l'inflation et la déflation
L'inflation, c'est comme du bonbon: un peu fait du bien, mais trop est mauvais pour les dents.
La déflation, c'est comme Satan: séduisant et totalement destructeur.
JS Arriola
L'inflation
C’est une perte de valeur de la monnaie causée par une augmentation générale des prix. L’indice de référence pour calculer le taux d’inflation est l’indice des prix à la consommation (IPC).
Le risque lié à l’inflation c’est le pouvoir d’achat d’une personne qui diminue parce que la valeur de ses actifs n’a pas augmenté au rythme de l’inflation.
Entre novembre 2010 et novembre 2020, le taux d’inflation annuel moyen a été de 1,8% au Canada. L’inflation n’a pas pénalisé les investisseurs.
Une inflation importante pénaliserait essentiellement ceux qui ne possèdent pas de placements mobiliers ou immobiliers destinés précisément à compenser la perte de valeur du dollar.
Mesures pour se protéger du risque d’inflation
Les pires investissements à détenir en périodes d’inflation sont l’encaisse et les titres à revenus fixes, dont les obligations classiques et les dépôts à terme. Parce que leur rendement d’intérêt est minime et que leur valeur nominale n’augmentera jamais. Comme la monnaie perd de sa valeur en période d’inflation, ces investissements appauvrissent leurs détenteurs.
Il existe plusieurs types de placements expressément destinés à contrer les effets de l’inflation :
1 - Les titres à dividendes d’entreprises rentables
On considère qu’un titre à dividende doit offrir un rendement de dividende d'au moins à 4%. Un tel taux de rendement assure une protection contre l’inflation et contribue à une augmentation du capital investi. De plus, la valeur marchande des actions d’une entreprise rentable augmente au fil des années et plusieurs entreprises augmentent en même temps leur dividende.
2 - Les obligations à rendement réel
Le montant d’intérêt versé sur ces obligations augmente en fonction de l’inflation. Le détenteur est ainsi complètement protégé de la perte de pouvoir d’achat causé par l’inflation.
3 - Les métaux précieux
Les opinions à ce sujet sont partagées. Mais pour bon nombre d’investisseurs, l’or et les métaux précieux sont des valeurs-refuges dont la valeur augmente en temps de crise et lorsque l’inflation refait surface(1).
4 - Les placements immobiliers
La valeur des biens immobiliers (maisons, édifices à revenus, …) augmente proportionnellement à l’érosion de la valeur de la monnaie. En revanche, cette hausse de valeur peut être en partie annulée par la hausse des taux d’intérêt qui accompagne inévitablement les périodes inflationnistes.
5 - Les fiducies immobilières
Pour celui qui ne veut pas posséder et gérer des placements immobiliers, l’alternative est d’acheter des unités de fiducies immobilières. Ces entreprises détiennent des édifices à revenus résidentiels, commerciaux ou industriels. La plupart versent de hauts dividendes mensuels. Leurs unités sont transigées sur la bourse tout comme les actions d’autres entreprises cotées.
La déflation
La déflation se caractérise par une hausse de valeur de la monnaie et, conséquemment, par une baisse durable du niveau général des prix. Le risque lié à la déflation c’est que la valeur des actifs détenus diminue à mesure que la monnaie gagne de la valeur.
Dans un sens, la déflation est un phénomène pire que l’inflation. La déflation décourage la consommation et l’investissement puisque la monnaie elle-même devient le bien le plus rentable à détenir. La déflation contribue à paralyser l’économie. Si elle perdure, elle aura des effets catastrophiques sur la rentabilité des entreprises.
Enfin, la déflation s’accompagne inévitablement d’une baisse des taux d’intérêt. La fixation des taux d’intérêt à près de zéro est un des moyens que les gouvernements utilisent présentement (en 2020-2021) pour combattre le risque de déflation.
Mesures pour se protéger du risque de déflation
1 - L'encaisse
Comme la monnaie gagne en valeur en période de déflation, le maintien d’une encaisse est la première forme de protection du portefeuille. Mais le problème de l’encaisse est qu’elle ne produit aucun rendement. Donc, le montant doit être maintenu à un niveau minimum.
2 - Les obligations
La valeur marchande des obligations tend vers leur valeur nominale à mesure que la date d’échéance approche. Comme les obligations gouvernementales et corporatives canadiennes et américaines comportent des taux d’intérêt extrêmement bas, une alternative peut être d’acheter des obligations de pays émergents (Brésil, Inde, …).
Bien que ces titres soient plus risqués, 2 raisons militent en leur faveur:
1) Le rendement d’intérêt est supérieur et
2) Les pays émergents sont peu exposés à la déflation; ils sont davantage exposés à l’inflation.
Cependant, l’achat d’obligations individuelles émises par des pays émergents est une tâche de spécialiste. L’investisseur devrait plutôt considérer l’achat d’unités d’un fonds mutuel ou d’un FCF* qui investit dans ces titres. Ceci permet de profiter de l’expertise d’un gestionnaire spécialisé et de mieux répartir le risque.
3 - Les actions privilégiées (2)
Les actions privilégiées (perpétuelles et à taux révisables) offrent plusieurs avantages en période de déflation :
→ les dividendes sont supérieurs aux intérêts payés sur les obligations,
→ le versement des dividendes privilégiés a préséance sur les dividendes sur les actions ordinaires,
→ si les dividendes sont cumulatifs, la société versera les dividendes impayés avant de payer les dividendes ordinaires.
L’investisseur ne devrait considérer que les actions privilégiées qui satisfont aux conditions suivantes :
→ celles qui comportent une cote de crédit minimum de Pfd-3 et se transigent à moins de $25,
→ les actions perpétuelles qui offrent un rendement d’au moins 4%,
→ les actions à taux révisable qui offrent un taux de base minimum de 4%.
Se protéger des risques d’inflation et de déflation en même temps?
Y’a-t-il plus de risque d’inflation ou de déflation ?
Bien malin qui pourrait le dire. Les opinions sont partagées. Parce que d’importants phénomènes favorisent l’un et l’autre scénarios.
Dans les extrêmes, les deux auraient des effets désastreux. Mais, toute proportion gardée, une déflation modérée aurait de pires effets qu’une inflation modérée.
Le meilleur moyen de minimiser l’impact de l’inflation et de la déflation est de maintenir un portefeuille de placements cadré dans une structure qui permet une diversification des :
♦ types de placements
♦ types d’entreprises
♦ secteurs d’activités
♦ régions et monnaies d’échange.
(1) Voir Les titres de métaux précieux.
(2) Voir Les titres à revenu fixe.
Le cinquième risque: