Fondement #10b - 2
Évaluer les titres à dividendes
Des critères d'évaluation communs s'appliquent aux actions ordinaires, parts de fiducies et aux fonds communs de placements. Ce sont des critères auxquels les entreprises versant des dividendes sont également soumises.
Le présent fondement explique les critères d'évaluation spécifiques applicables aux titres à dividendes.
Cette catégorie inclut les actions d’entreprises et les actions de FCF*.
Actions d’entreprises
1- Le taux du dividende
Au moment de l'achat, on devrait viser à obtenir un taux effectif de 4%+.
Sur le marché canadien, les actions qui offrent de tels dividendes (compte tenu d’un niveau de risque raisonnable) se retrouvent typiquement dans les banques, les services aux collectivités, les grandes sociétés de télécommunications et les FPI*.
2 - Le taux de distribution du dividende*
C’est la proportion du bénéfice net qui est versé sous forme de dividende.
Pour qu’un dividende puisse être maintenu, voire augmenté, le taux doit être inférieur à 100%. Plus le taux est bas, plus la marge de sûreté du dividende est grande et plus grandes sont les chances qu’il soit augmenté au cours de la prochaine année.
Une exception: les FPI* sont tenues de verser la presque totalité de leurs bénéfices à leurs détenteurs de parts. Ceci les exempte de payer un impôt sur le revenu, lequel est payé par le détenteur de parts.
3 - L'augmentation annuelle du dividende
1er avantage: une société qui augmente son dividende à chaque année démontre une capacité à produire une croissance et des résultats suffisamment prévisibles pour en remettre une quote-part systématique à ses actionnaires. 2e avantage: un dividende qui est augmenté à chaque année, produit un rendement à long terme supérieur.
La recherche de titres à dividendes devrait commencer parmi le groupe des Aristocrates. Au Canada, ce sont les titres qui ont augmenté leur dividende à chaque année depuis les 5 dernières années+. Aux États-Unis, la littérature financière attribue le titre Aristocrates aux titres qui ont augmenté leur dividende annuellement au cours des 25 dernières années.
4 - La réduction/coupe du dividende
Un élément important à vérifier: la réduction (ou, pire, la suspension) d’un dividende.
Sauf en cas crise boursière majeure ayant des répercussions sur l’ensemble du marché boursier, il s’agit d’un élément très négatif.
Cela suggère que la direction n’a pas été en mesure d’anticiper des circonstances ou faits qui devaient affecter son exploitation. Une direction responsable a le devoir d’évaluer de façon conservatrice sa capacité de maintenir son dividende. Ceci est d’autant plus important que le dividende est la principale raison pour laquelle les actionnaires possèdent le titre.
Une réduction majeure ou une suspension du dividende au cours des 5 dernières années est une raison d’éviter d’investir dans une entreprise sauf s'il s'agit d'un événement de force majeure.
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Actions de BDC (1)
1 - Le taux du dividende
L'intérêt de détenir un titre de BDC* est son haut taux de dividende. Un taux de dividende de 8%-9% est adéquat pour ce genre de titre.
2 - La cote de crédit
Les BDC dont la capitalisation est inférieure à $1 milliard n’ont généralement pas de cote de crédit reconnue (S&P, Moody’s). C’est le cas de la majorité des BDC transigées en bourse. L'investisseur peut considérer d’acquérir d’autres BDC dans la mesure où l’entreprise satisfait aux autres critères d’évaluation.
3 - La valeur marchande vs la valeur nette des actifs
La valeur marchande d’une BDC est souvent différente de la valeur marchande des titres détenus (à laquelle on réfère comme étant la valeur nette des actifs, ou VNA*).
Si la VNA* est supérieure à la valeur marchande de l’action, on dira que l’action se transige à « escompte ». Dans le cas inverse, l’action se transige à « prime ». Cette information est fort utile pour décider d’acheter ou non des actions d’une BDC donnée.
On devrait privilégier les titres qui se transigent avec un escompte raisonnable, soit entre 1% et 10%.
4 – La proportion de prêts douteux
Les BDC sont tenues de divulguer la proportion des prêts qui comportent des retards de paiement excédant 90 jours (4). On s’attend que cette proportion soit inférieure à 5%.
5 – La nature des affaires
Avant d’investir dans une BDC, il faut savoir si le modèle d’affaires s’apparente à celui d’une société de capital privé (private equity) ou à celui d’une société de capital de risque (venture capital).
Dans le premier cas, les investissements sont effectués dans des entreprises de taille modeste mais qui sont matures et démontrent un historique de rentabilité. Dans le deuxième cas, il s’agit plutôt d’entreprises en démarrage dont la plupart ne sont pas encore rentables. Le risque est plus élevé, mais les perspectives de profit également.
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Fonds à capital fermé (FCF)
Les FCF* intéressants sont ceux qui paient de hauts dividendes. Sur le marché américain, les FCF* représentent une meilleure alternative que les actions d’entreprises individuelles pour celui qui privilégie un rendement sous forme de dividende. La raison est que le marché américain est plus vaste, plus diversifié et plus complexe que le marché canadien.
L’évaluation des FCF comporte 5 éléments
1 - Le taux du dividende
Plusieurs FCF offrent des taux de dividende supérieurs à 7%, souvent payables mensuellement
2 - La stabilité du dividende
Une réduction ou une suspension du dividende est une raison d’éviter un titre
3 - La valeur marchande vs la valeur nette des actifs
Tout comme pour les BDC, l’investisseur devrait privilégier les FCF qui se transige avec un escompte entre 1 % et 10%..
4 - L’effet de levier
Pour augmenter leur rendement, la majorité des FCF utilisent l’effet de levier*. Aux États-Unis, il est limité à 33% (i.e. la dette totale ne doit pas excéder 33% de la valeur des actifs). Au Canada, il se situe généralement entre 20% et 25%.
L’effet de levier permet de réaliser des rendements supérieurs, mais il augmente aussi le risque de contreperformance si les placements subissent une perte de valeur.
Entre deux fonds ayant un rendement et des données fondamentales similaires, on donnera préférence à celui dont l’effet de levier est le plus bas.
5 - Le ratio de Sharpe
Le ratio de Sharpe (2) est un indicateur utilisé pour évaluer le rapport rendement/risque d'un investissement. Il mesure l'écart de rendement d'un portefeuille de titres par rapport au taux de rendement d'un placement sans risque. Il met ce rendement en relation avec sa volatilité.
Le but est de déterminer si le rendement est suffisant compte tenu de la volatilité du titre. Le ratio est calculé comme suit:
R = (F - T) / σ, où:
R = Ratio de Sharpe
F = Rentabilité du fonds
T = Taux de rendement d'un placement sans risque
σ = Écart-type des rendements du placement
Le ratio de Sharpe est particulièrement utile pour évaluer un fonds de placements (incluant les FCF*) parce qu'un fonds de placements comporte moins de données fondamentales qu'une entreprise individuelle.
Ce ratio doit être utilisé en complément de l'ensemble des autres facteurs d'analyse. À noter qu'il a peu de signification dans le cas de rendements négatifs et dans le cas de titres qui ont un bas volume de transactions.
Un ratio supérieur à 1 indique un rapport rendement/risque avantageux.
(1) Ce type d'entreprises est expliqué dans Les BDC: un placement incontournable
(2) On peut obtenir le ratio de Sharpe d’un FCF en consultant le site CEF Analyzer.