Finances : faut-il se comparer aux autres?

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La sagesse conventionnelle enseigne qu’il faut éviter de se comparer aux autres. En réalité, il peut être fort utile de se comparer à des gens avec qui nous partageons des caractéristiques communes. Cela étant, l’exercice ne doit pas être dicté par le désir de mieux paraître, mais de mieux être.

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Le besoin instinctif de se comparer

Bien des gens prétendent qu’il n’en est rien, mais le constat demeure : les gens s’évaluent eux-mêmes par rapport aux autres constamment. Et ce, dans des domaines aussi variés que l’attractivité, la richesse, l’intelligence et le succès. Des études avancent que plus de 10 % de nos pensées impliquent des comparaisons de quelque sorte.

Le phénomène s’exprime dans des contextes parfois surprenants.

Une étude de la Federal Reserve Bank of Philadelphia a observé que les voisins de gagnants à la loterie avaient statistiquement plus de chances de faire faillite que des citoyens de groupes sociaux comparables. Cela serait dû à au phénomène de consommation ostentatoire : de nombreux individus augmentent leurs propres dépenses pour qu’elles soient de niveau avec celles des gens qui les entourent et qui dépensent plus qu’eux (1).

Il existe même une théorie de la comparaison sociale. La théorie a été développée en 1954 par un psychologue du nom de Leon Festinger. Elle repose sur la prémisse voulant que les individus déterminent leur propre valeur (sociale et personnelle) en fonction de la façon dont ils se comparent aux autres (2).

La littérature courante est remplie d’articles qui professent qu’il faut arrêter de se comparer aux autres. Une récente publication émanant d’un cabinet de psychologues, va jusqu’à dire que « se comparer aux autres est le chemin le plus sûr vers la souffrance ». Rien de moins !

Ces mises en garde donnent bonne conscience et ont l’apparence du bon sens le plus élémentaire. Mais elles sont de mauvais conseils car elles assument que toute comparaison a des effets négatifs.

Or, se comparer aux autres peut être un exercice fort bénéfique, pourvu qu’on sache comment le faire.


Une bonne raison de se comparer

Certes, la comparaison avec les autres peut avoir des inconvénients.

Elle peut même être néfaste si cela conduit à l’envie, à l’insatisfaction ou à un sentiment d’infériorité.

Mais elle peut être bénéfique lorsqu’elle est source de motivation et d’inspiration. Elle aide à comprendre où nous en sommes par rapport à des personnes qui nous ressemblent, à identifier les domaines dans lesquels nous pouvons nous améliorer.

Personne ne se scandalise du fait que les entreprises consacrent efforts et ressources à se comparer à leurs compétiteurs (3). Elles le font pour une seule raison : pour devenir meilleures.

C’est la même chose pour une personne. On gagne à se comparer à nos pairs pour devenir meilleurs. Nous situer par rapport aux autres. Identifier les domaines dans lesquels nous pourrions nous améliorer. Noter des initiatives auxquelles on n’avait pas songé, apprendre de nouvelles façons de faire, adopter de nouvelles façons de penser. Voilà autant d’opportunités qu’une saine comparaison avec les autres peut apporter.

Pour qu’elle soit bénéfique, l’exercice ne doit pas être dicté par le désir de mieux paraître, mais par celui de mieux être.


L’importance de procéder à des comparaisons utiles

En matière de finances, la comparaison devrait toujours viser deux objectifs :

Atteindre (et maintenir) l’indépendance financière,

Minimiser l’impact financier d’aléas à incidence économique susceptibles de se produire au cours de sa vie.

Ici, on ne parle pas de comparer la valeur de notre résidence ou le prix de notre véhicule avec ceux de nos pairs. Un tel exercice est pathétique, en plus d’être inutile. C’est le lot des gens insécures qui cherchent à combler leur désir de paraître.

En revanche, ce qui est utile, c’est de voir dans quelle mesure on peut s’inspirer d’initiatives que des gens avec nous partageons des traits communs (4) , ont adoptées avec succès.

Telle comparaison devrait porter sur les 7 aspects qui influent sur la situation financière personnelle :

1 – Les aspects légaux

Prendre les mesures qui assurent que nos droits sont adéquatement protégés et que nos devoirs sont clairement définis en regard notre situation personnelle et de nos activités professionnelles.

2 – La gestion des risques et les assurances

Minimiser les risques qui menacent notre sécurité financière et celle de nos dépendants, tels que le décès ou l’incapacité d’agir.

3 – Les finances

Mesurer correctement notre situation financière actuelle. Estimer comment cette situation devrait évoluer et satisfaire aux responsabilités (familiales et professionnelles) qui pourraient s’ajouter avec le temps.

4 – La fiscalité

Minimiser le coût de l’impôt sur le revenu, lequel représente souvent la dépense la plus importante d’une personne.

5 – Les placements

Adopter la structure de portefeuille et la stratégie de placements optimales, qui permettent de rencontrer nos besoins et objectifs financiers.

6 – La retraite

En tenant compte de nos objectifs de retraite, prendre aujourd’hui les mesures nécessaires pour assurer une retraite exempte de soucis financiers.

7 – La succession

S’assurer de transmettre notre patrimoine aux héritiers que nous aurons choisis, de la manière dont nous le souhaitons et en minimisant les coûts afférents.


Comment identifier les meilleures pratiques financières?

Il n’y a aucune gêne à demander à quelqu’un que l’on connaît de partager ses bonnes pratiques financières. Il ne s’agit pas de dévoiler des informations confidentielles, mais de connaître des façons intelligentes et rentables de gérer ses finances. Par exemple :

la stratégie et le mode de gestion du portefeuille de placements,

la démarche suivie pour planifier sa succession,

les plans de retraite et comment on s’y prépare,

une approche pour éviter les dépenses inutiles,

la couverture d’assurances pour gérer certains risques,

les mesures destinées à minimiser l’impôt sur le revenu,

les ententes visant à minimiser les litiges financiers entre associés et/ou conjoints.

Peu de gens prennent de telles initiatives. Pour plusieurs raisons : ils n’y pensent pas, ils ne savent pas comment faire, ils sont gênés d’aborder ces questions, ils n’en voient pas l’importance.

Pourtant, le besoin de savoir est criant, comme en témoignent de récents sondages :

Sondage Welcome Spaces40% des jeunes de 18 à 24 ans ont été incapables de répondre correctement à des questions de base portant sur les finances personnelles. Par exemple : Qu’est-ce que l’indice des prix à la consommation? Qu’est-ce que l’intérêt composé? (5)

Sondage TD 43 % des Canadiens ne pensent pas qu’ils pourront prendre leur retraite au moment prévu ; près de la moitié n’ont pas confiance en leurs connaissances en matière de placement (6).

En revanche, 90 % des Canadiens ayant un plan financier personnalisé croient que celui-ci les a aidés à atteindre leurs objectifs financiers !

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Il faut commencer quelque part

Le seul fait d’aborder des sujets relatifs à la gestion financière avec des gens qui partagent des caractéristiques personnelles et professionnelles communes, comporte de nombreux avantages. Cela stimule la réflexion, soulève des questions, suggère des opportunités de mieux gérer nos affaires.

Avec un minimum d’aide professionnelle, aucune mesure destinée à optimiser la gestion des finances personnelles n’est compliquée, ni onéreuse à mettre en place.

En matière de finances, le temps est le premier paramètre de rendement (7).  C’est pourquoi il importe d’arrêter de remettre la démarche à plus tard.

Parler à des gens de confiance est la première démarche à entreprendre.

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(1) Neighbors of lottery winners are more likely to go bankrupt, CBC, March ‘16,
(2) Social Comparison Theory, Psychology Today.
(3) C’est l’essence même du benchmarking.
(4) Principalement au niveau des responsabilités familiales (conjoint, enfants) et type d’emploi (salarié, travail autonome,…).
(5) Les jeunes manquent de connaissances financières de base, Journal de Montréal, 10 août ‘23
(6) Newswire, 5 déc ‘23
(7) Le temps : paramètre de rendement le plus important.

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