La Tribune apporte des réponses succinctes à des questions portant sur les finances personnelles. Ces réponses ne sont qu’informatives et pourraient ne pas être adaptées à toutes les situations. Le cas échéant, il est souhaitable d’obtenir un conseil professionnel.

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Peut-on investir si la bourse est surévaluée?

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La majorité des investisseurs croient que les marchés boursiers sont surévalués. Il ne se passe pas une semaine sans qu’un expert nous le rappelle. On devrait plutôt se demander en quoi cette information est utile.

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Le consensus est que la bourse est surévaluée

Selon un récent sondage de Charles Schwab, deux tiers des investisseurs croient que la bourse est surévaluée (1). Dans un sondage de Bank of America, 89% des répondants sont du même avis. (2).

Une recherche sur Google confirme que c’est l’opinion de la majorité des experts. L’un d’eux avance que « basé sur les données de mai ‘25, la surévaluation de l’indice se situe entre 98% et 164% ».  Rien de moins !

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La sagesse conventionnelle suggère de réduire ses positions dans un marché boursier surévalué. Des raisons :

Acheter cher implique un potentiel de hausse limité.

Les risques de pertes de valeur augmentent dans un marché surévalué.

Dans un marché surévalué, les décisions d’achat ne tiennent pas compte d’un contexte de risque accru.


Trois principes qui rendent la question futile

En réalité, la possibilité que la bourse soit surévaluée ne préoccupe pas l’investisseur qui adopte une stratégie fondée sur les principes suivants :

1 – Investir dans des entreprises et non dans des indices

On investit dans l’ensemble d’un marché boursier en achetant des parts d’un fonds indiciel*. Il s’agit d’une stratégie de gestion passive* qui permet d’obtenir le même rendement que celui de la « bourse ». Le détenteur n’exerce aucun pouvoir quant à la répartition de son capital entre les différentes entreprises qui composent l’indice.

L’article « Comment savoir si la bourse est surévaluée » explique qu’un indice boursier inclut un grand nombre d’entreprises, réparties dans 11 secteurs d’activités, chacune ayant des caractéristiques et des performances distinctes. Dans les fonds indiciels classiques, le poids de chaque entreprise dans l’indice est fonction de sa capitalisation boursière*. Le résultat est que les plus grandes capitalisations ont un poids démesuré sur la valeur et le rendement de l’indice.

La surévaluation apparente d’un indice boursier est souvent attribuable à un nombre infime d’entreprises, non à la majorité.

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C’est pourquoi on peut investir dans des entreprises correctement évaluées (ou même sous-évaluées) dans un marché qui paraît surévalué.

C’est l’avantage d’une stratégie de gestion active* d’un portefeuille de placements. En autant que le gestionnaires choisisse les titres en fonction de critères de sélection reconnus.

2 – Conserver un horizon de rendement à long terme

À peu près toutes les études sur le sujet démontrent que les probabilités de gains à la bourse augmentent à mesure que les périodes investies s’allongent :

Morningstar ajoute que détenir des actions canadiennes sur n’importe quelle période de 10 ans a produit un rendement positif dans 100% des cas! (3)

Il est normal que les marchés boursiers soient périodiquement surévalués et exposés à des baisses. Mais l’histoire démontre qu’ils reprennent toujours leur ascension.

Plus longtemps vous investissez votre capital, plus vous bénéficiez de l’effet de capitalisation*

Commencer à investir tôt est la première règle pour maximiser ses chances de succès à la bourse. La deuxième c’est de demeurer investi.

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Le meilleur moment pour planter un arbre était il y a 20 ans. Le deuxième meilleur moment est maintenant.
(Proverbe chinois)

3 – Privilégier les titres à hauts dividendes

Le graphique suivant illustre l’importance des dividendes sur les rendements à long terme. Ceux-ci représentent près de 70 % des gains de la bourse canadienne depuis 1980 :

Le dividende est la bouée de sauvetage quand les rendements boursiers sont à la baisse.

Parce que même quand les conditions sont moins bonnes, la majorité des entreprises continuent de payer leur dividende.

Un panier de titres d’entreprises rentables qui paient de hauts dividendes et les augmentent régulièrement constitue un puissant rempart contre les soubresauts d’un marché boursier imprévisible, voire surévalué.


Les investisseurs ont perdu plus d’argent en tentant d’éviter les corrections boursières que lors des corrections elles-mêmes
(Peter Lynch)

Ceux qui se demandent constamment si la bourse est surévaluée cherchent à déterminer le moment idéal pour entrer ou sortir du marché. C’est une perte de temps. Même avec des outils d’analyse sophistiqués, personne n’a jamais été capable de le faire avec constance.

D’autant que la difficulté est double.  Car les investisseurs doivent identifier deux choses : le meilleur moment pour sortir du marché et le meilleur moment pour y revenir… une tâche impossible !

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Investir en respectant les 3 principes énoncés est une alternative simple qui offre le meilleur rapport risque-rendement à tous les investisseurs.

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(1) Charles Schwab Trader Sentiment Survey, Feb’25.
(2) Survey Shows Investors Haven’t Been This Risk-On since 2010, Bloomberg, Feb ’25.
(3) Entre janvier 1950 et juin 2018 (source : Morningstar Andex 2018)

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Cet article a été rédigé par Marc-Olivier Desmarais, CPA, Pl. Fin.

Il est planificateur financier indépendant. Sa pratique est encadrée par l'Autorité des Marchés Financiers (AMF) et par l'Institut de Planification Financière (IPF).

À travers les articles de Portefeuille 101, son objectif est de contribuer à la littératie financière et de stimuler la réflexion en matière de finances personnelles.

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