Avez-vous besoin d'une assurance-vie?

31 juillet 2020


L’assurance-vie sert à protéger les ayants-droits et dépendants de pertes financières qui résulteraient d’un décès. Mais cette protection a un coût important. C’est pourquoi il faut éviter d'être « surassuré ».

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Nota:
En matière d'assurance, il peut être utile de recourir à l'expertise d'un conseiller financier compétent. Pour en savoir plus, consulter Conseil en assurances de personnes.


Le risque est omniprésent

Notre vie durant, nous sommes exposés à des risques susceptibles d'entraîner des pertes financières :

* Un accident/une maladie qui nous empêche de conserver un emploi rémunérateur.

* Une maladie/un accident qui requiert des soins additionnels coûteux.

* Un événement qui entraîne la perte d’un actif important (feu/vol d’une résidence, automobile, …).

* Un acte de notre part qui nous oblige à compenser la perte causée à une tierce partie (responsabilité civile).

* Un investissement dans un actif dont la valeur de réalisation chute de façon permanente.

 

Comment réagir à un risque

Il y a six (6) façons de réagir à un risque.

Exemple : il y a risque d’incendie de la maison. Voici les types de réponse possibles :

Assurance_1.0

Un risque comporte deux variables :

1) la probabilité qu’il se produise (X)

2) le coût s’il se matérialise (Y)

L’impact d’un risque est égal à X * Y.

Ma maison a une valeur de $500,000 (Y).

Supposons que la probabilité qu’elle brûle (perte totale) soit 0,15% (X). L’impact de ce risque est donc $750. Les assureurs désignent ce montant comme étant la prime pure (i.e. l’espérance mathématique du versement de la compensation). Comme on le verra plus bas, la prime facturée par l’assureur est sensiblement plus élevée.

La relation entre la probabilité et le coût d’un risque détermine les mesures pour s’en protéger, tel qu’ici illustré :

Assurance_1.01

Il est approprié de transférer un risque dont le coût est important, mais dont la probabilité d’occurrence est très faible. Lorsque tel est le cas, la prime d’assurance est peu élevée. Par exemple, je peux assurer ma résidence de $500,000 pour quelques centaines de dollars par année.

C’est pourquoi l’assurance est la mesure classique pour transférer un risque.

 

L’assurance-vie

L’assurance-vie offre une protection contre les pertes financières causées par un décès. Il s’agit des pertes qui devront être supportées par les dépendants ou ayants-droit. Ce sont :

* Les personnes à charge (conjoint, enfants et autres individus non autonomes),

* Un associé ou une entreprise dans laquelle l’individu occupe un poste-clé,

* La succession d’un légateur qui devrait payer de lourds impôts sur le leg de certains biens.

Dans tous les cas, on peut assez facilement estimer le montant qui devrait être versé au titre de l’assurance.

 

Qui paie la prime d’assurance?

Maintenant qu’on sait que le risque existe et qu’on peut mesurer son impact, la question est de savoir qui va l’assumer.

Le choix est le suivant :

* Transférer le risque à un tiers, en contractant une police d’assurance

* S’auto-assurer.

La question est importante parce que si on achète une police d’assurance, on paye une prime qui inclut deux éléments :

1 - la prime pure (voir ci-haut)

2 - les frais de gestion et le profit de la compagnie d’assurance :

→ Frais de propositions;

→ Commission des courtiers;

→ Frais de distribution des prestations;

→ Frais de gestion des placements des réserves;

→ Frais d’administration;

→ Taxes provinciales (3,48%) (1)

→ Profit de l’assureur.

Or, les frais de gestion et le profit de l’assureur représentent entre 20% et 50% de la prime totale, soit de 25% à 100% du montant de la prime pure (2)

.
La décision de contracter une police d’assurance-vie ou de s’auto-assurer devrait être basée sur un principe fondamental.

Une police d’assurance est justifiée quand le coût du risque excède la capacité de payer

Si l’assuré possède les fonds nécessaires pour assumer le coût d’un risque qui se matérialiserait, il n’a aucun avantage à contracter une police d’assurance. Pour deux raisons :

→ Le coût de la prime est supérieur à la prime pure,

→ Si le risque ne se matérialise pas, il aura sacrifié un capital équivalent aux primes payées, plus le rendement qu’il aurait obtenu sur ce capital.

Un exemple :

Un travailleur de 35 ans qui a un conjoint et des enfants à charge veut s’assurer que sa famille puisse subvenir à ses besoins s’il vient à décéder. Supposons que la couverture d’assurance requise est de $600,000.

Il a deux choix :

1 - Contracter une police d’assurance-vie de $600,000

La prime annuelle cotée par l’assureur serait (hypothétiquement) de $1,200 (3) pour une assurance temporaire 20 ans. L’assuré paiera donc 20 fois $1,200, soit $24,000. S’il est encore vivant après 20 ans, il ne retire rien.

2 - S’auto-assurer

À chaque année pendant 20 ans, l’assuré investit $1,200 dans des actions privilégiées qui offrent un dividende de 5% libre d’impôt (placé dans un CELI). Après 20 ans, son placement vaudra $42,000, représentant la somme de ses contributions annuelles de $1,200, soit $24,000 auquel se seront ajoutés les dividendes perçus sur les actions privilégiées acquises, soit $17,700.

Le graphique suivant illustre comment les fonds seraient accumulés ou dépensés selon chacun de ces deux scénarios.

Assurance_1.1

Pourquoi contracter une police d’assurance-vie?

S’il ne possède pas les ressources financières suffisantes pour pourvoir aux besoins de sa famille advenant son décès (ce qui est normal à cet âge), ce jeune travailleur n’aurait d’autres choix que de prendre une police d’assurance-vie.

Cependant, avant de conclure son contrat d’assurance, il doit tenir compte de deux choses :
.

1 - Les besoins de sa famille vont évoluer

Le graphique suivant illustre l’évolution typique des besoins bruts d’assurance-vie* familiaux d’un individu  :

Assurances1

Pour l’individu typique, les besoins d’assurance-vie maximum se situent normalement en début de carrière.

Cette période est caractérisée par des besoins généralement plus grands que les revenus. Les gens… ont recours à l’emprunt. La valeur nette de leur bilan est faible … et plusieurs dettes doivent être remboursées … C’est à ce moment que les besoins personnels en assurance sur la vie sont à leur maximum. Par la suite, ils ont tendance à diminuer à mesure que les dettes sont remboursées, que la dépendance des personnes à charge diminue et, éventuellement, que les épargnes s’accumulent… (4)

Inévitablement, les besoins bruts d’assurance-vie* tendent à diminuer avec le temps.

Pour fins d’illustration, supposons qu’à partir de 35 ans, les besoins bruts d’assurance-vie initiaux de $600,000 diminuent de $5,000 par année au cours des 5 premières années et d’un $5,000 additionnel à chacune des tranches subséquentes de 5 ans :

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Suivant ces hypothèses, les besoins bruts d’assurance-vie* passeraient de $600,000 à $330,000 à l’âge de 54 ans.

 

2 - Les ressources financières de l’assuré vont aussi évoluer

À mesure que les années passent, les revenus du chef de famille sont susceptibles d’augmenter. Son capital financier s’accroît en fonction de son taux d’épargne et du rendement de ses investissements (portefeuille boursier et/ou autres investissements, …). Les revenus provenant du capital financier accumulé réduisent les besoins nets d’assurance-vie* car ces revenus ne sont pas liés à la vie de l’assuré.

Exemple :

À partir de 35 ans, l’assuré épargne annuellement un montant de $5,000 qu’il investit dans un placement qui produit un rendement de 5% libre d’impôt. À tous les 5 ans, le montant investi augmente de $5,000 :

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À mesure que le capital accumulé croît et que les besoins bruts d’assurance-vie* diminuent, les besoins nets d’assurance-vie* diminuent encore plus rapidement.

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Dans notre exemple, les besoins nets d’assurance-vie* seraient nuls à partir de 51 ans.


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Conclusion

1 - Il est approprié d’assurer un risque dont la probabilité d’occurrence est faible et dont le coût est significatif

La probabilité d’occurrence est le facteur le plus important pour établir le montant d’une prime d’assurances. Une faible probabilité d’occurrence permet d’assurer des risques très importants pour de modiques sommes. C’est la principale raison pour laquelle les primes d’assurance-vie sont peu élevées pour de jeunes personnes n’ayant pas de conditions personnelles ou d’activités mettant leur vie à risque.

2 - L’auto-assurance est plus rentable si on a les moyens d’assumer le coût d’un risque qui se matérialiserait

Une police d’assurance-vie devrait uniquement couvrir le capital que la succession d’un assuré serait incapable de fournir à ses ayants-droits pour que ceux-ci puissent subvenir à leurs besoins. Le même raisonnement s’applique à tout autre type d’assurance. Par exemple, une entreprise désire assurer la vie d’un employé-clé. Si elle possède les fonds nécessaire pour assumer les coûts qu’un tel décès entraînerait, l’entreprise devrait choisir de s’auto-assurer.

3 - L’auto-assurance permet de faire fructifier le capital de l’assuré

Le temps qui passe est le facteur de rendement le plus important. Une bonne partie des bénéfices de la compagnie d’assurance provient du rendement réalisé sur les fonds qu’elle détient. Or, ces fonds proviennent des primes perçues de ses clients. Le rendement composé de primes payées sur 10, 20 ou 30 ans représente des sommes extrêmement importantes dont l'assuré ne bénéficie pas.

En régime d’auto-assurance, ce rendement appartient entièrement à l’assuré. Ainsi, l’auto-assurance est un outil qui stimule une épargne productive de rendement.


(1) Articles 1167 et 1159.3 de la Loi sur les impôts du Québec
(2) IQPF.org, Solution IQPF, Module 3 – Assurance et gestion des risques, 1.3.2
(3) Ces chiffres sont hypothétiques et ne servent qu’à illustrer le propos. Les primes cotées pour un individu pourraient être différentes.
(4) L’évolution des besoins en assurance-vie, Magazine La Cible, par Denis Preston

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