Investir à la bourse

Fondement #8

Se méfier de l'opinion de la majorité

Progression
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"Il y a à parier qu'une idée reçue est une sottise, du fait qu'elle a convenu au plus grand nombre"

Nicolas de Chamfort

Être différent comme investisseur

La mentalité du troupeau

La revue Barron's cite une étude qui indique que 85% des décisions de vente ou d'échange de titres sont erronées(1). Ce résultat est pire que si les décisions d'investissement étaient prises au hasard, auquel cas les probabilités de bonne ou mauvaise décision seraient de 50%!

Une raison serait qu’une majorité d'investisseurs n'appuient pas leurs décisions d'acheter ou de vendre sur de l'information objective. Ces investisseurs achètent ou vendent les titres qu'une majorité d'investisseurs achètent ou vendent. Certains confient leurs épargnes aux mêmes conseillers financiers que leurs pairs, ce qui les confortent et renforcent leur sentiment d'appartenance.

Ils agissent comme des moutons(2). Cette mentalité de troupeau n'est pas animée par des analyses rigoureuses de titres. Elle procède plutôt d'émotions comme la peur et la cupidité.

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Alexis de Tocqueville 
écrivait : "Les Américains sont tellement épris d’égalité qu’ils préfèrent être égaux dans l’esclavage qu’inégaux dans la liberté."

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Une façon de faire de l’argent à la bourse, c’est d’acheter bas et vendre haut. La réalité c'est que:

♦ Le prix d’une action est bas lorsque peu de gens croient que le titre va monter.

♦ Le prix monte quand une majorité de gens croient que le titre est sous-évalué.

La seule raison qui fait que le prix d’une action monte, c’est justement que plusieurs personnes l’achètent! Plus le prix d’une action est élevé, plus il y a de gens qui croient que ce prix est sous-évalué.

 

Aller contre l’opinion de la majorité

À ce jour, tous les investisseurs que j'ai rencontrés sont d'accord avec cette affirmation. Pourtant, peu agissent de la sorte.

À titre d'exemple:

À l’été 2000, lorsque les actions de Nortel (NRTLQ) se transigeaient à plus de 120 $, plusieurs analystes recommandait le titre, le voyant bondir sous peu à 180 $. En août 2002, les actions de Nortel s’échangeaient à 0,69 $ et il se trouvait peu d’analystes pour en recommander l’achat.


 

 

L'investisseur typique suit la foule

Dans le domaine boursier, l'exemple de Nortel est classique. Mais, on en compte beaucoup d'autres: AMC EntertainmentCanopy Growth, GameStop, Airbnb, BlackBerry,... Des stocks extrêmement populaires, peu ou pas rentables, dont la valeur boursière a explosé, puis redescendu presqu'aussi vite.

L’extrême popularité d’une entreprise non rentable suggère de ne pas y investir.

Au lieu de se préoccuper de ce que pensent les autres investisseurs, on ferait mieux de se rappeler ce que le baron Rothschild écrivait au 18e siècle: "The time to buy is when there's blood in the streets".

 

Ce qu'il faut retenir:

1 - Éviter les titres "dont tout le monde parle"

Les titres qui suscitent un enthousiasme démesuré chez les investisseurs. Se méfier aussi des "tuyaux du beau-frère". Dites-vous que si le beau-frère est au courant d’une primeur, des centaines d'autres investisseurs sont au courant depuis longtemps, auquel cas, le prix du titre le reflète déjà. Par définition, un titre populaire est cher, du seul fait qu'une majorité d'investisseurs l'ont déjà acheté

2 - Choisir des titres sur la base de données objectives

On achète ou on vend un titre selon que ses données fondamentales rencontrent ou non nos critères d'évaluation. Voir Choisir et évaluer un titre.

3 - Se méfier des conseillers financiers "hot", avec qui il paraît bien d'être associé

Se tenir loin des grands bavards, des vantards, de ceux qui ont réponse à tout. Méfiez-vous de ceux qui prêchent des solutions faciles. L’investissement boursier n’est pas une science exacte. Il n’existe pas de certitude. Les vrais professionnels font preuve d’humilité.


(1) Selon l’étude, il aurait été préférable que l’investisseur ne fasse rien (The Money Paradox, Martin Conrad, December 2011).
(2) Ce comportement est causé par un biais cognitif connu sous le nom de biais de groupe.