Investir à la bourse
Fondement 15
Quand faut-il vendre un titre?
Plusieurs investisseurs hésitent à vendre un titre qui a « trop » baissé. C’est contre nature. On investit pour gagner. Pourtant, il peut y avoir autant de raisons de vendre un titre qui a perdu 50% de sa valeur qu'un titre dont la valeur a doublé.
Dois-je vendre un titre parce qu'il a trop monté ou trop baissé?
Il est souvent difficile de savoir quand on doit vendre un titre.
Des investisseurs hésitent à vendre un titre qui a baissé car ils refusent de perdre. Ils veulent récupérer l'argent investi. C'est souvent une erreur. Lorsqu'une perte est évidente, il est inutile de rêver. En matière de placements, il y a souvent plus de raisons de vendre un titre qui a perdu la moitié de sa valeur qu'un titre dont la valeur a doublé.
Même si la décision de vendre comporte à chaque fois des interrogations auxquelles on ne peut répondre aisément, cette décision doit être dénuée d'émotions ou de regrets inutiles. Elle doit être basée sur une réalité objective.
Et lorsque les indices l’y conduisent, la décision de vendre doit être expéditive. En matière de placements, la procrastination est mauvaise conseillère.
Les signaux d'alarme
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Les critères de vente ne sont pas absolus. Ils doivent être évalués dans leur ensemble.
1 - Réduction du dividende
Une réduction du dividende est souvent la conséquence d'une détérioration durable des résultats.
Un des signes avant-coureurs d'une réduction dividende est lorsque le taux de distribution du dividende* dépasse 100%. Il importe alors d'estimer s'il s'agit d'une situation ponctuelle ou si la détérioration des résultats est une tendance. Les explications données dans les rapports de la direction et dans les commentaires d'analystes financiers sont fort utiles pour appuyer notre conclusion.
Lorsqu'une réduction significative du dividende est annoncée, on devrait considérer de se départir du titre sans attendre..
2 - Hausse du ratio cours-bénéfices (P/E)
La hausse du P/E peut être due à une baisse des bénéfices ou à une hausse du cours du titre.
La première étape d’en comprendre les raisons, en prenant connaissance des rapports de la direction et/ou des commentaires d’analystes.
Si la baisse des bénéfices est attribuable à une cause exceptionnelle, non récurrente, il convient de conserver le titre. Même chose si la hausse du prix de l'action est due à des circonstances qui auront des répercussions positives futures (ex : obtention d’un nouveau client, homologation d’un nouveau produit).
Dans tous les cas, si le ratio cours-bénéfices du titre dépasse les ratios de l’industrie, il importe de savoir pourquoi.
3 - Incapacité de couvrir les charges financières
Si le bénéfice d’exploitation n’assure pas une couverture adéquate des charges financières sur plus de deux ans, ceci peut annoncer une détérioration importante des marges bénéficiaires.
4 - Chiffre d’affaires ou bénéfice net en baisse
Un chiffre d’affaires en baisse sur plus de 2 ans peut être symptomatique d'une intensification de la concurrence, de guerres de prix ou de technologies émergentes qui supplantent graduellement les produits ou services de l’entreprise. Une diminution du bénéfice net peut être causé par une baisse du chiffre d’affaires ou par des dépenses additionnelles. L’important est de déterminer si cette situation est récurrente..
5 - Baisse du prix du titre de plus de 15%
Si un titre baisse de 15% ou plus dans le cadre d’une baisse généralisée des marchés, c’est une erreur de vendre. Ceux qui ont agi de la sorte lors des crashs de 2008 et 2020 l’ont bien réalisé. Sauf dans des industries ciblées, la plupart des titres se sont redressés, dont plusieurs de façon spectaculaire. Un crash boursier présente plus d’opportunités d’achats que de raisons de vendre.
En revanche, lorsqu’un titre baisse de plus de 15% sans relation avec les variations de la bourse, cela peut indiquer qu’une mauvaise nouvelle vient d’être rendue publique. Avant de prendre la décision, on doit tenter d’en connaître la nature. S’il s’agit d’un titre à haut dividende et qu’on croit que le dividende est sécure, il n’y a pas d’urgence de vendre. S’il ne s’agit pas d’un titre à haut dividende, on devrait considérer en disposer, à moins de pouvoir l’expliquer par des circonstances particulières et non récurrentes
6 - Le titre dépasse sa quote-part maximale du portefeuille
La valeur marchande de chacun des titres du portefeuille doit se situer en deçà de la quote-part maximale qu’on a fixée au départ. Cette quote-part doit faire en sorte qu’aucun titre ne représente une valeur significative du portefeuille. Ceci permet notamment de réduire la volatilité du portefeuille et de réaliser en tout ou en partie le gain en capital afférent au titre
7 - Une catégorie de titres dépasse sa pondération-cible du portefeuille
Chaque catégorie de titre devrait représenter un pourcentage-cible du portefeuille (1). Par exemple, le pourcentage-cible de la catégorie "Métaux précieux" est de 5%. Donc, si la valeur des titres de la catégorie "Métaux précieux" dépasse 6% (soit 1% de plus que le pourcentage-cible), on devrait considérer vendre une partie des titres détenus pour ramener la pondération autour de 5%..
8 - Départ du chef de la direction financière
Il est normal que des membres de la haute direction quittent pour cause d’âge ou parce que le titulaire, après plusieurs années, désire relever de nouveaux défis.
Le cas échéant, il faut savoir pourquoi le chef de la direction financière (CDF) quitte l’entreprise. En effet, le CDF est le chien de garde de l’intégrité financière de l’entreprise. Un départ peut être le signe de désaccord ou de conflit avec d’autres membres de la direction. Dans de telles circonstances, les vraies raisons d’un départ sont rarement connues du public. Les entreprises tiennent à protéger leur réputation.
Il y a lieu de rapprocher une telle annonce avec des faits récents: de mauvais résultats, des retards à produire les états financiers, des retraitements d’informations déjà produites, l’annonce d’enquêtes de la part des autorités règlementaires… Si le départ d’un CDF semble relié à des nouvelles de ce genre ou si on laisse entendre qu’il serait dû à des désaccords avec des membres de la direction, que voilà de bonnes raisons de se défaire du titre!
Quand faut-il vendre un fonds à capital fermé (FCF)?
Quatre (4) indicateurs sont utiles pour déterminer si on doit vendre nos parts d'un FCF* :
1 - Une réduction ou augmentation importante de l'escompte
Un FCF* peut se transiger à prime ou à escompte. Il se transige à prime lorsque sa valeur marchande est supérieure à la valeur boursière des titres qu'il détient; il se transige à escompte lorsque sa valeur marchande est inférieure à la valeur boursière de ces titres.
Par exemple, si l'escompte est de 5%, cela signifie que l'on acquiert des titres d'une valeur marchande de $100 pour $95. L'escompte représente une marge de sécurité. Dans le cas contraire, s’il se vend à prime, l’écart présente un risque. Si cet écart est significatif, il faut considérer vendre le titre
2 - Un secteur sous pression
Certains FCF* investissent dans des industries ou secteurs spécifiques. Il peut arriver qu'un tel secteur subisse une pression des marchés pour des raisons qui lui sont particulières. Un exemple: plusieurs FCF américains investissent dans les obligations municipales (muni bonds). En mars 2017, la firme S&P* a réduit la cote de crédit des obligations de la Pennsylvanie. Ceci a rapidement entraîné une baisse du cours des parts de fonds spécialisés dans les obligations de cet état
3 - Une réduction du dividende
La philosophie de PORTEFEUILLE 101 est d’acquérir des titres avec l’intention de les conserver à long terme.
Le cas des FCF* est différent. On détient un FCF principalement pour le rendement de son dividende. La raison est que les taux de dividende payés par la plupart des FCF sont plus élevés que les rendements qu'on peut généralement obtenir d'actions d'entreprises individuelles. Une réduction du dividende par un FCF est une sérieuse raison d'envisager une vente du titre.
4 - Un marché baissier
Les rendements de dividendes des FCF sont élevés en partie parce que ces fonds utilisent un effet de levier, lequel peut représenter jusqu'à 33% de la valeur des titres détenus.
En période de baisse des marchés, l’effet de levier a l’effet inverse, c’est-à-dire qu’il est susceptible d’entamer sérieusement le rendement du fonds. Ce qui peut se traduire par une réduction de son dividende.
Si on anticipe l’émergence d’un marché baissier soutenu, il y a lieu d’envisager de réduire ses positions dans les FCF qui utilisent un fort effet de levier.