La Tribune apporte des réponses succinctes à des questions portant sur les finances personnelles. Ces réponses ne sont qu’informatives et pourraient ne pas être adaptées à toutes les situations. Le cas échéant, il est souhaitable d’obtenir un conseil professionnel.

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Des adages qu’on se plaît à répéter

Secret 1

Les rendements passés sont souvent plus crédibles que le verbiage des prévisionnistes.

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Le monde de la finance regorge d’adages que des conseillers financiers répètent comme s’ils les avaient inventés :

1 – Achetez la rumeur, vendez la nouvelle (1)

Le cours d’une action peut monter sur la base de rumeurs à l’effet que les résultats seraient meilleurs qu’anticipés. Lorsque les résultats sont publiés, ils sont effectivement meilleurs mais le cours de l’action baisse. Pourquoi ?

Il peut y avoir plusieurs raisons. Par exemple, la baisse de prix peut être due au fait que des spéculateurs prennent des profits sur les gains réalisés avant avant que la rumeur ne soit « publicisée ».

Une telle stratégie est inutilement risquée. C’est de la pure spéculation.

2 – Vendez au mois de mai et partez en vacances (2)

Suivant cet adage, les investisseurs doivent vendre leurs actions au mois de mai parce que l’été serait une période médiocre et volatile pour le marché boursier.

Les données historiques nous rendent sceptiques car les bourses ont connu des rendements estivaux fort variables au cours des dernières années.

Mais cela promeut une erreur beaucoup plus grave qui consiste à sortir du marché sur la foi d’une supposition aléatoire.

Sauf si des circonstances l’y obligent, l’investisseur devrait maintenir ses placements en toutes saisons, tant qu’ils répondent aux critères d’évaluation établis.

3 – Les actions prennent l’escalier pour monter et l’ascenseur pour descendre

Les marchés montent graduellement sur de nombreuses années. Mais ils plongent rapidement, lorsqu’une une bulle «éclate» et que la peur prend le dessus.

C’est sans doute vrai. Mais la question est de savoir si cela devrait affecter une stratégie de portefeuille.

La réalité est que personne n’est en mesure de prédire les mouvements à court terme de la bourse.

L’important est de concentrer son attention sur le maintien d’une structure de portefeuille équilibrée, capable de produire des rendements peu importe les conjonctures boursières.

Laissons les prévisionnistes professionnels s’amuser à essayer de prédire si la bourse montera ou baissera. Dans l’ensemble, leurs prédictions se réalisent dans moins de 50% des cas.

4 – L’argent sur les lignes de côté représente une opportunité d’investissement

Vous connaissez l’expression « cash on the sidelines » utilisée dans les commentaires sur la bourse ? Cela suppose que des liquidités attendent sur les lignes de côté, prêtes à être investies. Par exemple, une enquête révélait que les ménages détenaient plus de $4 billions* en liquidités, contre moins de $1 billion avant la COVID (3). Le commentaire suggère que d’énormes liquidités sont sur la touche, prêtes à être investies.

En réalité, c’est une illusion. Ceux qui professent l’adage imaginent une transaction sans contrepartie. Celui qui a vendu ses actions a reçu de l’argent d’un acheteur qui a utilisé ce même montant d’argent pour acquérir lesdites  actions !

Au cours des 20 dernières années, la proportion des liquidités par rapport à la somme des actifs totaux sont restés stables (4).

Simplement se rappeler que pour chaque acheteur, il y a un vendeur. Il n’y a pas de lignes de côté !

5 – Les rendements passés ne sont pas garants des rendements futurs

Il s’agit d’une expression couramment utilisée dans le secteur des placements pour préciser aux investisseurs que le rendement futur pourrait être fort différent des rendements passés. Elle contribue aussi à limiter la responsabilité professionnelle de la société qui commercialise un produit financier.

Cela étant, il faut éviter de prendre l’affirmation comme un absolu.

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Voyons un exemple.

Vous devez choisir entre deux sociétés pour y investir.

Les deux sont en affaires depuis plus de 10 ans et sont de taille équivalente.

La société A connaît une croissance en dent de scie, affiche des résultats volatils, ne paie pas de dividende et se transige à un ratio cours-bénéfice* de 25.

La société B connaît une croissance moyenne de 7% depuis les 8 dernières années, a des résultats nets qui se situent entre 8 et 10% des revenus, paie un dividende qui donne un  rendement de 5%) et se transige à un cours-bénéfice* de 15.

La question est la suivante : devrait-on accorder de l’importance aux données de performance historiques pour évaluer s’il est probable que les rendements futurs soient positifs?

La réponse est évidente!

Des analystes tenteront de démontrer que le produit de la société A est voué à connaître une croissance hors normes, que la rentabilité est à portée de main, que ses dirigeants sont extrêmement compétents,… on ne pourra s’empêcher de poser la question qui tue: Where’s the meat?

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Bien sûr, rien n’est jamais garant de ce qui se produira dans l’avenir. Mais ce n’est pas une particularité du placement boursier. C’est une réalité universelle. Elle touche tous les domaines de la vie. Alors pourquoi en faire un avertissement qu’on répète ad nauseam aux investisseurs?

L’investisseur devrait toujours commencer par analyser les rendements et les comportements passés d’une société dans laquelle il compte acquérir une participation.

Les rendements passés sont des réalités. Ils sont souvent plus crédibles que le verbiage des prévisionnistes.

Y porter attention vaut mieux que de perpétuer une lapalissade simpliste.

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(0)

(1) Buy the rumor, sell the news.
(2) Sell in May and go away.
(3) The Myth of Cash on the Sidelines, Aptus Capital.
(4) Federal Reserve, citée par ThinkAdvisor, Jan ’25.

Cet article a été rédigé par Marc-Olivier Desmarais, CPA, Pl. Fin.

Il est planificateur financier indépendant. Sa pratique est encadrée par l'Autorité des Marchés Financiers (AMF) et par l'Institut de Planification Financière (IPF).

À travers les articles de Portefeuille 101, son objectif est de contribuer à la littératie financière et de stimuler la réflexion en matière de finances personnelles.

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