La Tribune apporte des réponses succinctes à des questions portant sur les finances personnelles. Ces réponses ne sont qu’informatives et pourraient ne pas être adaptées à toutes les situations. Le cas échéant, il est souhaitable d’obtenir un conseil professionnel.

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Bitcoin : entre le rêve et la réalité

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De récentes études indiquent que les usages et les performances du Bitcoin ne correspondent pas à ce qu’affirment ses plus ardents défenseurs. En toute chose, il importe de faire la différence entre le rêve et la réalité.

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Les arguments qui justifient (ou non) d’investir dans le Bitcoin

Ceux qui croient dans l’avenir du Bitcoin avancent plusieurs arguments :

1 – Un rempart contre l’inflation et la dévaluation du dollar

Au cœur de cet argument est que le nombre de Bitcoins ne dépassera jamais 21 millions (1). Cela diffère des monnaies traditionnelles que les banques centrales ont le pouvoir d’imprimer sans limite.

Cette pénurie forcée, accélérée par le halving* périodique du Bitcoin, vise à ralentir l’offre de nouvelle « monnaie », ce qui contribuera à préserver, voire à augmenter sa valeur au fil du temps.

Mais la rareté n’est pas l’unique attribut d’un instrument de couverture*. Le contre-argument qui suit en témoigne.

2 – Un rempart contre la volatilité du marché boursier

En matière de placements, la volatilité est le principal facteur de risque. Pour compenser la volatilité d’un élément, on oppose la stabilité d’un autre.

Or, malgré l’optimisme et l’excitation qui peuplent son univers, le bitcoin est extrêmement volatil. Voici comment ses prix ont varié historiquement par rapport à ceux de l’or :

Le Bitcoin n’offre pas le genre de stabilité que les investisseurs recherchent

3 – Une monnaie d’échange comportant de multiples avantages

Les partisans du Bitcoin invoquent plusieurs avantages. : les transferts sont instantanés, il n’y a aucune limite aux montants transférés, les échanges ne requièrent aucun intermédiaire, il peut être utilisé comme un moyen de paiement anonyme, le système ne dépend d’aucune institution règlementaire, etc.

Ces arguments sont réels. Mais aucun n’appuie l’idée que le Bitcoin puisse devenir une monnaie d’échange reconnue. Pour la raison mentionnée plus haut : le Bitcoin est trop volatil pour servir de monnaie d’échange. À preuve, après 17 ans d’existence (2), très peu d’institutions (s’il en est) acceptent de transiger leurs ventes/achats en Bitcoin.

4 – Une faible corrélation avec le marché boursier

La première qualité d’un instrument de couverture* est d’être faiblement corrélé* avec l’actif (ou le groupe d’actifs) auquel on l’oppose. Une faible corrélation assure que si l’actif subit de fortes variations de prix, celles-ci auront un impact limité sur l’ensemble du portefeuille.

L’évolution historique des prix du Bitcoin indique plutôt qu’il fluctue en symbiose avec l’indice S&P 500. Des données récentes illustrent cette relation :

Étant fortement corrélé au marché boursier, le Bitcoin ne tempère pas l’effet de ses fluctuations, Au contraire, il exerce un effet de levier (un accélérateur). En d’autres termes, il varie dans la même direction que le S&P 500, mais avec une plus grande ampleur.

Répercussions sur la stratégie de placement

Les investisseurs doivent tenir compte de la forte corrélation du Bitcoin avec le marché boursier traditionnel. Dans l’optique où l’indice accuse un rendement positif, le Bitcoin permettrait d’obtenir des rendements de portefeuille supérieurs. Dans le cas contraire, les pertes de valeur du Bitcoin entraînerait des rendements encore plus médiocres.

Bien que la comparaison soit imparfaite, on pourrait considérer une position en Bitcoin comme une option d’achat* sans date d’expiration. Mais cet « avantage » peut rapidement disparaître si d’autres facteurs (imprévus) venaient influencer le prix du Bitcoin. Ce qui se produit la plupart du temps.

C’est pourquoi l’investisseur amateur devrait éviter un tel placement.


Depuis l’élection du nouveau président américain en novembre ’24, le Bitcoin a bondi de 60%.

L’industrie de la cryptomonnaie est devenue un acteur politique important, contribuant d’importantes sommes pour soutenir la nouvelle administration américaine. En retour, celle-ci a notamment procédé à la nomination de personnalités favorables aux cryptomonnaies à des rôles réglementaires clés, telle que celle du nouveau président de la SEC.

La reprise du Bitcoin est en grande partie attribuable aux promesses d’une administration extrêmement favorable aux cryptomonnaies, prête à procéder aux changements réglementaires requis pour en faciliter l’accès.

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Les arguments pour appuyer l’avenir du Bitcoin sont légion.

En revanche, peu de faits en témoignent.

Pour l’instant, le Bitcoin demeure un actif hautement spéculatif, sans valeur intrinsèque*.

Les discours en sa faveur sont des conjectures, des promesses et …beaucoup de verbiage.

______________________________________________________________(0)

(1) À fin 2024, on compte près de 20 millions de Bitcoins en circulation.
(2) La plateforme d’échange du Bitcoin a été créée le 1er janvier 2009.

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Cet article a été rédigé par Marc-Olivier Desmarais, CPA, Pl. Fin.

Il est planificateur financier indépendant. Sa pratique est encadrée par l'Autorité des Marchés Financiers (AMF) et par l'Institut de Planification Financière (IPF).

À travers les articles de Portefeuille 101, son objectif est de contribuer à la littératie financière et de stimuler la réflexion en matière de finances personnelles.

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